
Découvrez trois plages secrètes d’Algérie, accessibles uniquement à pied ou en bateau.
À la découverte des plages secrètes d'Algérie : ces joyaux cachés accessibles uniquement par la mer ou la forêt
L’été en Algérie ne rime plus seulement avec serviettes sur le sable chaud et plages bondées. Une tendance nouvelle, guidée par la soif d’aventure et la magie des images partagées sur les réseaux sociaux, pousse les vacanciers à délaisser les plages classiques au profit de criques secrètes et sauvages, dissimulées entre falaises abruptes, forêts denses et eaux turquoise. Ces plages algériennes isolées, inaccessibles en voiture ou en bus, offrent une expérience unique, réservée aux plus courageux… ou aux plus ingénieux.
Des familles entières, jadis habituées aux stations balnéaires surveillées, partent désormais en quête de ces coins de paradis, souvent accessibles uniquement par bateau ou après une longue randonnée sur des sentiers escarpés. Du littoral de Skikda à celui d’El Tarf en passant par Jijel, le rêve d’un été loin du tumulte devient une réalité – à condition de bien s’y préparer.
Skikda : la splendeur cachée de la plage de Lekkebiba
À deux kilomètres seulement de la commune de Cheraia (Skikda), se niche la plage de Lekkebiba. Son nom provient des cavités naturelles que l’on trouve dans les rochers, semblables à de petites grottes. Cette perle isolée ne s’offre qu’à ceux qui osent une marche de près d’une heure dans un relief montagneux exigeant, ou à ceux qui embarquent depuis la plage surveillée de Tamanart pour un court trajet en bateau, moyennant 1300 dinars par personne.
Une fois arrivé, le visiteur découvre un lieu hors du temps : une plage non surveillée, sans signalisation ni présence des secours, mais d’un calme envoûtant. Des marchands ambulants, comme Iyad, un jeune originaire de Constantine, bravent chaque jour la forêt et les rochers pour vendre des encas aux aventuriers. « C’est mieux que sur les vidéos. Ici, on se sent libre, loin des contraintes de la ville », confie-t-il.
Jijel : la magie brute de la plage d’El Aâtaf
Dans la région de Béni Belaïd, à Jijel, la plage d’El Aâtaf est un secret bien gardé. Inaccessible aux voitures, elle attire les passionnés de nature grâce à deux barques mises à disposition par des habitants de Jijel. Le trajet en mer ou la randonnée d’une heure sur un sentier escarpé mène à un vaste espace naturel, où poissons et vagues dansent autour des rochers.
Parmi les figures locales, on trouve « Ammi Zakaria », sexagénaire au sourire chaleureux, qui passe ses étés dans un abri sommaire, cuisinant pour les campeurs. « Les jeunes qui viennent ici sont respectueux, pas de drogues, pas de tapage, parfois même pas de téléphones portables », témoigne-t-il fièrement. En effet, la zone est hors réseau, loin du vacarme urbain et de la pression numérique. Certains y viennent même griller leur viande de l’Aïd, dans une ambiance bon enfant.
El Tarf : Bouterbicha, l’île qui n’en est pas une
Dans la commune frontalière de Oum Tboul (El Tarf), se trouve Bouterbicha, un lieu que les habitants surnomment “l’île”, bien qu’elle soit reliée au continent. Ce paradis terrestre n’est accessible qu’après une heure de marche dans une forêt dense, parfois habitée par des sangliers, des renards ou des hyènes. Quelques jeunes, comme le guide local Mohieddine, accompagnent les visiteurs, surveillent leurs véhicules, et leur ouvrent la voie vers cette crique reculée.
Bouterbicha est en réalité formée de deux plages séparées par un rocher monumental semblable à une île. On y trouve des sources d’eau, un petit oued et même des chutes. Pour ceux qui préfèrent éviter la marche, certains bateaux partent de la plage de Messida à Annaba, mais les prix (jusqu’à 2000 dinars) et la durée du trajet freinent l’engouement. Le lieu reste donc le repaire des randonneurs aguerris.
Malheureusement, l’absence de gestion environnementale se fait sentir : des campeurs irresponsables laissent derrière eux des déchets, ternissant ce joyau naturel faute de poubelles ou d’initiatives de nettoyage.
Vers un tourisme de pleine nature, mais durable ?
Les plages inaccessibles d’Algérie témoignent de la richesse intacte du littoral national. Elles attirent chaque année davantage de visiteurs, désireux d’évasion et de communion avec la nature. Cependant, cette ruée vers les endroits vierges pose un défi environnemental majeur : comment concilier aventure et respect de la nature ?
La réponse réside sans doute dans une meilleure sensibilisation des campeurs, un encadrement des activités, et pourquoi pas la création d’itinéraires balisés gérés par des associations locales. En valorisant ces plages de façon durable, l’Algérie pourrait faire de son littoral secret une destination d’éco-tourisme d’exception.