Découvrir

Claire Billet révèle : « Des soldats français refusent de parler des atrocités commises en Algérie »

Des témoins bouleversants, des archives interdites… Un documentaire qui brise le silence sur une page tragique de l’histoire algérienne.

La réalisatrice Claire Billet a récemment dévoilé les coulisses et les motivations derrière son documentaire « L’Algérie… sections armes spéciales » lors d’une interview accordée à la radio nationale. Ce film, réalisé en collaboration avec l’historien Christophe Lafaye, met en lumière un aspect méconnu et tabou de la guerre de libération algérienne : l’utilisation d’armes chimiques par l’armée française.

Claire Billet : Une réalisatrice passionnée par l’histoire et les conflits

Avant de s’intéresser à la guerre d’Algérie, Claire Billet a travaillé comme correspondante indépendante pour des médias francophones en Afghanistan. Elle s’est toujours intéressée aux conflits, aux injustices et aux conséquences des guerres sur les populations. Son désir de documenter l’histoire des luttes et la manière dont les peuples y font face l’a naturellement amenée à explorer la révolution algérienne, l’une des plus marquantes du XXe siècle.

© SOLENT production
© SOLENT production

Lorsqu’elle a pris contact avec Christophe Lafaye, ce dernier lui a révélé qu’il travaillait sur l’usage d’armes chimiques par l’armée française pendant la guerre d’Algérie. Cette révélation a été un choc pour elle, car ce sujet restait largement méconnu, même parmi les spécialistes. Intriguée, elle a mené des recherches approfondies et a constaté que ce sujet était l’un des grands tabous de l’histoire algérienne, en particulier du côté français. Cet élément a été le déclencheur de son engagement à lever le voile sur cette partie obscure de l’histoire.

Une enquête approfondie et des témoignages poignants

Avec l’aide de Christophe Lafaye, Claire Billet a entamé un travail de documentation rigoureux. Elle a commencé le tournage en France et a publié un article sur le sujet dans la revue « 21 ». Elle a également recueilli des témoignages d’anciens combattants français, dont un ancien soldat qui avait déjà publié un travail en ligne sur cette question. Plusieurs vétérans ont accepté de parler, évoquant des souvenirs douloureux liés à l’utilisation de ces armes, tandis que d’autres ont refusé de témoigner, refusant de revivre ces moments traumatisants.

Pour la réalisatrice, il ne suffisait pas seulement de raconter ces faits, mais de les inscrire dans une œuvre cinématographique afin de leur donner une portée plus large. Le tournage en Algérie a été particulièrement long et difficile. Accompagnée de l’historienne Safia Ariski, qui a mené une reconnaissance préalable des lieux où ces armes avaient été utilisées, elle a exploré les montagnes du Djurdjura et de l’Aurès, des zones fortement touchées par ces attaques. Toutefois, certains témoins algériens ont éprouvé de grandes difficultés à témoigner, incapables de revivre ces horreurs.

Un silence historique et un combat pour la vérité

Le film met en lumière non seulement les atrocités commises, mais aussi l’ampleur du silence qui les entoure. Les victimes directes des armes chimiques ayant été éliminées, ce sont les survivants de la guerre qui portent encore cette mémoire douloureuse. L’émotion était si intense que Lina Abdelaziz, spécialiste en littérature et traductrice pour le projet, a dû interrompre le tournage à plusieurs reprises, submergée par les récits poignants.

L’un des aspects les plus troublants de cette enquête est le secret bien gardé autour de ces faits. En France, l’utilisation d’armes chimiques pendant la guerre d’Algérie reste classée comme « secret défense » par l’armée. Même Christophe Lafaye, historien reconnu, ne dispose pas d’un accès complet aux archives militaires françaises.

© SOLENT production
© SOLENT production

Pour Claire Billet, cette situation est inacceptable : « Il est fondamental de lever le voile sur ces questions sensibles. L’Histoire appartient aux peuples, et il est impératif de donner aux Algériens la vérité sur ce qu’ils ont subi. » Avec « L’Algérie… sections armes spéciales« , Claire Billet offre une contribution essentielle à la mémoire collective, brisant un tabou et restituant une vérité historique longtemps occultée.

Bouton retour en haut de la page