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Fashion Week Paris 2025 : Tollé autour de l’appropriation des tenues algériennes

La robe Naili et le Karakou revisités sans reconnaissance : les internautes algériens s’insurgent.

La Fashion Week de Paris 2025, l’un des événements les plus attendus du monde de la mode, s’est déroulée le mardi 28 janvier au Grand Palais. L’occasion pour les grandes maisons de couture de dévoiler leurs collections printemps-été. Pourtant, un élément a rapidement suscité la controverse : l’emprunt manifeste de vêtement issus du patrimoine vestimentaire algérien par certaines enseignes de renom.

Des ressemblances troublantes avec les tenues traditionnelles algériennes

Deux maisons de haute couture, Chanel et Giambattista Valli, se retrouvent aujourd’hui au centre des critiques pour avoir présenté des modèles de robes et d’ensembles vêtementaires très similaires à des tenues emblématiques de la culture algérienne. Sur les réseaux sociaux, les réactions ne se sont pas fait attendre : de nombreux internautes et spécialistes du patrimoine ont dénoncé une véritable appropriation culturelle.

Une robe Naili signée Chanel qui fait scandale

Parmi les sept robes dévoilées par Chanel, une en particulier a retenu l’attention des Algériens. Arborée par un mannequin lors du défilé, elle présente une ressemblance frappante avec la robe Naili, tenue traditionnelle des tribus de Ouled Naïl, répandue dans les régions de Djelfa, Biskra, Laghouat, M’sila et Bou Saâda.

D’ordinaire, cette robe est reconnaissable à ses teintes claires, ses volants aériens et sa ceinture en velours noir ornée de Louis d’Or. Or, le modèle présenté par Chanel en était une réplique quasi exacte, sans que la marque ne mentionne son inspiration algérienne.

Sur TikTok, l’influenceur Iyas Begriche a exprimé son indignation en publiant une vidéo intitulée « Algerian Fashion Week », réfutant ainsi toute légitimité à l’appropriation de la maison française.

 

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Giambattista Valli et le Karakou algérois

Chanel n’est pas la seule à s’être inspirée de la culture algérienne sans reconnaissance explicite. La maison italienne Giambattista Valli a elle aussi fait défiler des modèles reprenant le Karakou algérois, le Sarouel Mdaouer et le Haïk.

Ces pièces, ancrées dans l’héritage vestimentaire algérien, n’ont pourtant fait l’objet d’aucune mention de leur origine lors du défilé. Cette omission a été jugée inacceptable par de nombreux internautes et professionnels de la mode.

@samialabrune123.3 المصمم الايطالي استوحى تصميماته من الكراكو الجزائري والحايك الجزائري Giambattista Valli Haute Couture Spring 2025 #hautecouture #hautecoutureweek #parisfashionweek #algeria #algerie🇩🇿 ♬ son original – 🆂🅰🅼🅸🅰🅻🅰🅱🆁🆄🅽🅴🇩🇿

Une dénonciation unanime de l’appropriation culturelle

Face à cette situation, le couturier franco-algérien Eddine Belmahdi, spécialiste du Karakou, a vivement réagi : « À quand la fin de l’appropriation culturelle ? ». Pour lui, voir ces tenues détournées sans crédit pour leurs origines réelles est un affront à l’identité algérienne.

Sur Instagram, une internaute a exprimé son indignation en écrivant : « C’est épuisant de voir qu’à chaque fois qu’une tenue vient d’Algérie, elle devient ‘maghrébine’ ou ‘nord-africaine’, mais jamais algérienne. » Un point de vue renforcé par le fait que le magazine ANCRÉ ait attribué ces tenues au Maroc, déclenchant encore plus de frustration parmi les internautes algériens.

Un appel à la reconnaissance des origines

Cette polémique met une nouvelle fois en lumière la question récurrente de l’appropriation culturelle dans l’industrie de la mode. Si l’inspiration est une pratique courante dans le monde de la haute couture, le fait de ne pas mentionner les origines d’une création est perçu comme une spoliation.

Les internautes et spécialistes du patrimoine espèrent que cet épisode servira d’exemple pour inciter les grandes marques à respecter et à célébrer l’authenticité des cultures qu’elles reprennent. En attendant, le débat reste vif sur les réseaux sociaux, et les voix réclamant une reconnaissance officielle du patrimoine algérien se multiplient.

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