
Le nouveau Pape rend hommage à Saint Augustin, illustre fils de l’Algérie
De l'Algérie romaine à la papauté : Le parcours improbable d'une influence millénaire
Dans un moment historique pour l’Église catholique, le nouveau Pape Léon XIV a surpris le monde en citant, dès son premier discours, un nom cher à l’Algérie : Saint Augustin d’Hippone. Élu par les 133 cardinaux réunis en conclave, ce premier pontife américain de l’histoire a immédiatement marqué son pontificat d’une empreinte intellectuelle et spirituelle liée à l’Afrique du Nord.
« Je suis fils de Saint Augustin » : Un hommage inattendu
Alors que la fumée blanche s’élevait au-dessus de la Chapelle Sixtine, annonçant l’élection du successeur du Pape François, c’est depuis la loggia de la Basilique Saint-Pierre que le nouveau souverain pontife a prononcé des mots qui ont retenti bien au-delà du Vatican :
« Je suis fils de Saint Augustin, qui disait : ‘Pour vous, je suis chrétien ; avec vous, je suis évêque.' »
Cette référence à l’un des plus grands théologiens chrétiens, né en Algérie romaine au IVᵉ siècle, n’est pas anodine. Elle souligne l’héritage universel d’un homme dont les écrits continuent d’influencer la pensée occidentale.
Saint Augustin : De Thagaste à Hippone, un destin algérien
Né en 354 à Thagaste (actuelle Souk Ahras), Augustin est le fils d’un père romain païen et d’une mère berbère chrétienne, Sainte Monique. Après une jeunesse tumultueuse marquée par le doute – racontée dans ses Confessions –, sa conversion à Milan en 386 changea le cours de l’histoire religieuse. De retour en Afrique du Nord, il devint évêque d’Hippone (Annaba), où il mourut en 430 lors du siège des Vandales.
Reconnu comme « le plus grand penseur chrétien après Saint Paul » (Encyclopædia Britannica), Augustin a fusionné philosophie antique et théologie. Ses concepts comme « la Cité de Dieu » ou sa réflexion sur le temps restent étudiés dans les universités du monde entier.
Annaba : Un patrimoine augustinien vivant
À Annaba, la basilique Saint-Augustin – érigée en 1881 sur les ruines présumées d’Hippone – attire pèlerins et chercheurs. Son architecture mêlant styles byzantin et néo-mauresque symbolise le dialogue des cultures. Le site abrite une statue du saint offerte par la France en 1928, ainsi qu’une relique (un os du bras) rapportée d’Italie en 1842.
« C’est un lieu de mémoire unique », explique le Père Arnaud, curé de la basilique. « Des visiteurs viennent du Brésil, des Philippines ou de Pologne pour marcher sur les traces de celui qui a façonné la pensée chrétienne. »

Un message œcuménique dans un monde divisé
En invoquant Augustin, le Pape Léon XIV envoie plusieurs signaux :
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L’unité des chrétiens : L’Église d’Afrique du Nord, aujourd’hui minoritaire, retrouve une visibilité.
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Le dialogue islamo-chrétien : Augustin, né en terre algérienne, incarne un pont entre les civilisations.
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La jeunesse : Son parcours de converti résonne avec les quêtes spirituelles contemporaines.
« Dans une époque de replis identitaires, ce rappel que la sainteté transcende les frontières est puissant », analyse Mgr Henri Teissier, ancien archevêque d’Alger.