Hélium : comment l’Algérie s’impose dans les technologies du futur
De la médecine à la recherche quantique : l’hélium algérien alimente les technologies les plus avancées.
Dans le silence discret du désert algérien se cache une ressource qui redessine aujourd’hui les équilibres technologiques mondiaux : l’hélium. Un rapport récent publié par Frontiers International classe l’Algérie parmi les trois plus grands détenteurs de réserves mondiales d’hélium, juste derrière les États-Unis et le Qatar.
Avec 8,2 milliards de mètres cubes, l’Algérie se hisse ainsi au premier rang africain, au deuxième rang dans le monde arabe, et au troisième rang mondial. Une place qui ne relève ni du hasard, ni de la conjoncture, mais d’une maîtrise énergétique et d’une infrastructure industrielle développée au fil des décennies.
Le Hélium : un marché dominé par trois puissances
En 2020, la production mondiale d’hélium a atteint environ 140 millions de mètres cubes, en recul notable par rapport aux années précédentes. Les États-Unis représentaient à eux seuls plus de la moitié de cette production, avec 74 millions de mètres cubes, tandis que le Qatar et l’Algérie complétaient ce trio stratégique, assurant près de 93 % de l’offre mondiale.
L’Algérie extrait principalement son hélium à partir du gaz naturel liquéfié produit dans le gigantesque champ gazier de Hassi R’mel, l’un des plus importants au monde. La pureté du gaz algérien et la performance de ses installations de liquéfaction offrent au pays un avantage compétitif rare, lui permettant d’agir comme exportateur fiable et durable.
Une ressource essentielle pour les technologies de demain
Contrairement à l’image légère et festive qui lui est souvent associée, l’hélium n’est pas qu’un gaz pour ballons.
Il constitue aujourd’hui un élément vital dans des domaines qui façonnent l’avenir :
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Médecine : refroidissement des aimants supraconducteurs (ex : scanners IRM)
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Recherche scientifique et quantique : applications cryogéniques
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Aérospatial et ingénierie haute performance
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Industries électroniques et semi-conducteurs
Sa particularité ? Il est irremplaçable. Aucun autre élément ne peut se substituer totalement à ses propriétés physiques uniques.
Un marché en tension et en mutation
Le rapport souligne que le marché mondial de l’hélium est fragile et soumis aux tensions géopolitiques.
La crise du Golfe en 2017, qui avait interrompu les livraisons qataries, avait désorganisé près de 30 % du marché.
D’autres acteurs émergent, notamment la Russie, qui pourrait faire passer sa part mondiale de 2 % à plus de 25 % dans les prochaines années. Parallèlement, la demande mondiale, estimée à 200 millions de m³/an, dépasse déjà l’offre de 40 millions de m³. D’ici 2030, l’écart pourrait doubler, entraînant une hausse soutenue des prix et une dépendance accrue vis-à-vis des rares pays producteurs.
L’Algérie, un pivot énergétique et technologique émergent
Face à cette rareté, l’Algérie dispose d’atouts qui pourraient faire d’elle une puissance de référence sur le marché mondial de l’hélium :
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Réserves abondantes
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Infrastructure gazière avancée
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Pureté élevée du gaz
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Capacité d’exportation établie
Pour renforcer ce rôle, le pays pourrait :
Développer de nouvelles unités de séparation et de raffinage Constituer un stock stratégique national Encourager l’industrialisation locale liée aux gaz nobles
Ce passage de fournisseur brut à acteur structurant serait un levier majeur de souveraineté économique.
Un potentiel de puissance durable
Au-delà des chiffres, l’hélium représente pour l’Algérie une opportunité stratégique :
celle de participer à la construction des technologies du futur, de renforcer son indépendance énergétique, et de créer des chaînes de valeur nationales.
Si ce potentiel est accompagné d’une vision industrielle claire, l’Algérie pourrait devenir un acteur incontournable de l’économie mondiale des gaz stratégiques — et inscrire son nom au cœur des révolutions scientifiques et technologiques du XXIᵉ siècle.
















