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« Suq n tlawine » : le marché des femmes qui révolutionne la Kabylie (VIDÉO)

À Boudjima, les femmes transforment le marché en un espace d’échange et d’émancipation.

Chaque samedi, à Boudjima, petite commune rattachée à la daïra de Makouda dans la wilaya de Tizi-Ouzou, un marché hors du commun attire l’attention : le « Suq n tlawine », ou marché des femmes. Contrairement aux souks traditionnels de Kabylie, longtemps dominés par les hommes, ce rendez-vous hebdomadaire est exclusivement dédié aux femmes, qu’elles soient commerçantes ou clientes.

Un espace pensé par et pour les femmes

Dans l’imaginaire collectif, les marchés hebdomadaires en Kabylie sont souvent associés à un univers masculin. Certes, au fil des décennies, de plus en plus de femmes ont pris leur place, en tant que clientes ou vendeuses, mais il reste rare de voir un espace totalement réservé aux femmes. À Boudjima, l’initiative a vu le jour grâce à un groupe de femmes désireuses de créer un lieu d’échanges et de solidarité, loin des regards et du poids des habitudes sociales.

Le « Suq n tlawine » n’est pas simplement un marché sélectif : il se veut avant tout un lieu de convivialité. C’est un espace où les femmes de la région se rencontrent, discutent, partagent leurs expériences et renforcent leur réseau social, tout en développant une autonomie économique.

Suq n tlawine : des étals 100 % féminins

La particularité de ce marché réside aussi dans le fait que tous les stands sont tenus par des femmes. L’ambiance y est différente des marchés ordinaires : chaleureuse, solidaire et inspirante. On y trouve une grande diversité de produits, allant des fruits et légumes biologiques aux condiments, en passant par l’huile d’olive, les figues sèches, les gâteaux traditionnels, les savons artisanaux, la poterie ou encore les tenues vestimentaires locales.

Chaque article proposé est le fruit d’un savoir-faire féminin transmis de génération en génération. « En tant que femmes au foyer, chacune de nous maîtrise un ou plusieurs savoir-faire. Ce marché est une occasion pour montrer et proposer nos produits et ainsi gagner notre vie », explique une exposante.

Un tremplin vers l’autonomie économique

Pour beaucoup, ce marché représente bien plus qu’un simple lieu de commerce. Il incarne une forme d’émancipation et d’indépendance financière. Certaines femmes y trouvent un revenu complémentaire, d’autres en font une véritable activité économique.

Une jeune vendeuse, spécialisée dans l’élevage artisanal de volailles et de lapins, témoigne : « Grâce à ce marché, on parvient à gagner notre argent de poche. » Ces initiatives permettent non seulement de soutenir les foyers, mais aussi de valoriser des activités locales et respectueuses des traditions.

Un rendez-vous appelé à grandir

Peu à peu, le « Suq n tlawine » s’impose comme un rendez-vous incontournable dans la région de Tizi-Ouzou. Il attire non seulement les habitantes de Boudjima, mais aussi des villages voisins, séduites par ce concept unique en Algérie.

Au-delà de l’aspect économique, ce marché reflète une évolution sociale : il témoigne de la volonté des femmes kabyles de s’affirmer dans l’espace public, de préserver leurs savoir-faire et de contribuer activement à l’économie locale.

En créant un marché qui leur ressemble, les femmes de Boudjima ont ouvert la voie à une nouvelle dynamique où commerce, tradition et solidarité féminine s’entrelacent harmonieusement.

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