
Timimoun : 200 millions de dinars pour restaurer les foggaras du Sahara
Dans le désert rouge de Timimoun, un héritage millénaire retrouve son souffle.
Le ministre des Ressources en eau, Taha Derbal, a annoncé mercredi à Timimoun le lancement d’un vaste programme national destiné à restaurer et préserver les foggaras, ce système ancestral d’irrigation qui façonne depuis des siècles le paysage agricole du sud algérien. Doté d’une enveloppe financière de 200 millions de dinars, ce projet vise à redonner vie à ce patrimoine matériel et culturel unique, tout en renforçant la production agricole locale.
Les foggaras, véritables chefs-d’œuvre d’ingénierie traditionnelle, permettent de capter et de transporter les eaux souterraines depuis leurs sources jusqu’aux palmeraies. Dans la « perle rouge » du désert, Timimoun, ces galeries souterraines irriguant les oasis font partie intégrante de l’identité locale.
Un chantier emblématique à Timimoun
Lors de sa visite sur le chantier de réhabilitation de la foggara El Matarfa, située à 120 km au sud de Timimoun, le ministre a souligné l’« importance cruciale » de cette opération. Le projet, financé par le Fonds national de l’eau, ne se limite pas à la simple restauration technique : il s’agit d’une véritable initiative de sauvegarde d’un héritage historique qui a permis, des générations durant, la prospérité agricole et la sédentarisation des populations du désert.
Restaurer pour mieux irriguer
L’objectif affiché est double : préserver ces infrastructures de l’abandon et accroître leur capacité d’irrigation. Pour la foggara El Matarfa, considérée comme l’une des plus importantes de la région, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 1 700 puits, 14 km de galeries et un débit de 35 litres par seconde, permettant d’alimenter en eau 500 hectares de jardins et de palmeraies.

Les travaux en cours comprennent le creusement et le nettoyage des conduits, la reconstruction des puits effondrés, la réhabilitation des canaux ainsi que l’aménagement de systèmes de répartition de l’eau pour optimiser l’usage de cette ressource rare.
Un système écologique et social
Au-delà de leur rôle agricole, les foggaras représentent un système écologique et social complet. Elles régulent l’usage de l’eau, préservent la biodiversité oasienne et soutiennent un mode de vie communautaire basé sur le partage équitable des ressources. Pour de nombreux agriculteurs, leur préservation est une condition essentielle à la survie de la culture traditionnelle des oasis.
Le ministre a rappelé que la réhabilitation des foggaras s’inscrit dans une vision nationale de gestion durable de l’eau, visant à concilier respect des traditions et modernisation des techniques. « Nous devons protéger ce que nous avons hérité de nos ancêtres, car c’est un savoir-faire qui n’existe presque plus ailleurs », a-t-il affirmé.
Avec ce programme, l’Algérie entend non seulement restaurer un patrimoine hydraulique unique, mais aussi le réintégrer pleinement dans la dynamique de développement rural, garantissant ainsi un avenir plus prospère aux oasis du Sahara.