
Ligne ferroviaire El Menia – Tamanrasset : l’Algérie trace la voie du développement saharien
Ligne El Menia – Tamanrasset : le Sud algérien au cœur des priorités d’aménagement et de désenclavement national.
L’Algérie franchit une nouvelle étape dans sa stratégie de désenclavement des régions sahariennes et de développement des infrastructures nationales avec la concrétisation progressive du projet de ligne ferroviaire reliant El Menia à Tamanrasset, via In Salah.
Ce chantier titanesque, d’une longueur totale de 1090 kilomètres, s’inscrit dans une vision d’intégration territoriale et de dynamisation économique du Sud algérien, en vue de son ouverture vers l’Afrique subsaharienne.
Une présentation technique détaillée à In Salah
C’est dans la wilaya d’In Salah que les autorités ont récemment dévoilé le tracé de cette ligne stratégique, en présence des acteurs institutionnels, des experts en infrastructures, et des représentants de la société civile. À cette occasion, Farouk Kliouat, directeur des études générales à l’Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (ANESRIF), a exposé les grandes lignes du projet, insistant sur sa division en deux tronçons principaux :
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Le premier segment reliera El Menia à In Salah sur 400 kilomètres.
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Le second, plus long, s’étendra sur 680 kilomètres entre In Salah et Tamanrasset.
Le tracé a été soigneusement étudié pour répondre aux défis du relief désertique et aux réalités socio-économiques de la région. Parmi les préoccupations techniques majeures figure la gestion des croisements entre la voie ferrée et les pipelines de gaz et de pétrole, omniprésents dans cette zone riche en hydrocarbures. D’autres enjeux cruciaux ont été soulevés, notamment la préservation des couloirs de passage traditionnels des communautés nomades, afin de maintenir leur mode de vie tout en garantissant la sécurité des installations ferroviaires.
Un dialogue entre modernité et identité locale
Les représentants des populations locales, appuyés par les membres de la société civile, ont plaidé pour que les infrastructures prévues, et en particulier la gare d’In Salah, soient conçues dans le respect de l’architecture saharienne traditionnelle. Ce souci de préservation du patrimoine culturel vise à ancrer ce projet dans l’identité visuelle et historique de la région, tout en valorisant son attractivité touristique.
Une ambition nationale à portée continentale
Le projet El Menia – Tamanrasset n’est que l’un des maillons d’un vaste réseau ferroviaire en cours de structuration. Fin 2024, l’ANESRIF prévoit de finaliser les études de réalisation de plus de 1000 kilomètres de voies ferrées reliant la capitale Alger à Tamanrasset. Cette ligne comprendra plusieurs segments, dont :
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Cheffa – Boughezoul (153 km)
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Laghouat – Ghardaïa (265 km)
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Ghardaïa – El Menia (230 km)
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El Menia – In Salah (400 km)
Ce réseau s’aligne sur les instructions du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a réaffirmé lors d’un Conseil des ministres la nécessité d’accélérer la mise en œuvre des infrastructures ferroviaires modernes, en soutien aux grands projets économiques. Il a notamment souligné que la priorité doit être accordée au raccordement de Tamanrasset à Alger, avec une extension future vers les pays voisins d’Afrique, notamment le Mali et le Niger, ouvrant ainsi la voie à un corridor logistique transsaharien stratégique.
Un vecteur de développement multidimensionnel
Au-delà du simple transport, cette ligne incarne un levier puissant pour le développement économique du Sud. Elle permettra :
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Le transport plus rapide des marchandises, notamment des minerais et hydrocarbures.
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L’amélioration de la mobilité des populations locales.
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Le désenclavement des régions sahariennes.
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L’intégration progressive de l’Algérie dans les réseaux ferroviaires africains à vocation panafricaine.
Ce projet ambitieux, qui conjugue vision économique, respect du patrimoine et cohésion nationale, représente une avancée majeure dans l’ambition de l’Algérie de devenir un pôle logistique stratégique au cœur du continent africain. Reste à suivre de près la mise en œuvre concrète de ce chantier qui pourrait bien redessiner la carte du Sud algérien.