
Huit trésors algériens bientôt classés au patrimoine national
De l’art rupestre aux chefs-d’œuvre modernistes, notre patrimoine mérite d’être protégé.
Dans une démarche affirmée de préservation de l’héritage culturel, l’Algérie franchit une nouvelle étape. Le ministère de la Culture et des Arts a récemment signé huit arrêtés ministériels portant sur l’ouverture de procédures de classement national de plusieurs sites archéologiques et bâtiments historiques. Ces arrêtés, publiés au Journal officiel n°42 du 23 avril 2025, marquent un engagement renouvelé envers la valorisation du patrimoine matériel du pays.
Des sites historiques aux quatre coins du pays
Parmi les joyaux concernés figure Petra ancienne à Béjaïa, forteresse datant des IVe et Ve siècles. Ce site, dont le nom latin signifie « rocher », renvoie à une inscription antique trouvée sur place. Il illustre la richesse architecturale de la période tardive, entre dominations vandale et byzantine.
Dans l’Est du pays, Tébessa la déserte, située dans la wilaya éponyme, se distingue par ses couches archéologiques exceptionnelles, témoignant de la cohabitation et du passage de plusieurs civilisations : numide, romaine, puis byzantine. Ce site incarne à lui seul la continuité urbaine et culturelle millénaire de cette région frontalière.
La wilaya de Souk Ahras est également à l’honneur avec deux sites d’envergure : Kef M’Sour, un trésor de l’art rupestre nord-africain datant du Néolithique, et Madauros, ancienne cité numide devenue romaine, célèbre pour ses bibliothèques, ses temples antiques et ses vestiges bien conservés.
Au Sud-Ouest, la commune de Tiout (wilaya de Naâma) complète cette liste avec un ensemble exceptionnel de gravures rupestres sahariennes, composées de huit scènes préhistoriques témoignant d’une riche vie culturelle et spirituelle à l’époque néolithique.
Le patrimoine national moderne aussi à l’honneur
Fait inédit, trois universités algériennes modernes font également partie des sites à classer, en reconnaissance de leur valeur architecturale exceptionnelle :
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L’USTHB (Université des sciences et technologies Houari Boumediene) à Alger, conçue par l’illustre architecte brésilien Oscar Niemeyer, est une référence en matière d’architecture moderniste.
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L’Université Mohamed Boudiaf d’Oran, signée par le Japonais Kenzō Tange, incarne une audace architecturale inédite, mêlant harmonieusement lignes horizontales et verticales.
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L’Université des frères Mentouri à Constantine, également dessinée par Niemeyer, évoque quant à elle les outils de l’écriture, une métaphore visuelle puissante entre savoir, art et structure.
Une stratégie culturelle tournée vers l’avenir
Le ministère de la Culture souligne que cette démarche entre dans le cadre d’une politique proactive de sauvegarde du patrimoine national, matériel comme immatériel. En attendant le classement définitif, des mesures de protection provisoire sont déjà en place pour sécuriser ces lieux.
À travers cette initiative, l’Algérie affirme sa volonté de faire du patrimoine un pilier de l’identité nationale, mais aussi un levier de développement touristique et de rayonnement culturel sur la scène internationale.