Hamza, l’artiste qui fait renaître les noyaux de dattes à travers l’art (VIDÉO)
Hamza transforme patiemment des milliers de noyaux de dattes pour créer des œuvres d’art uniques.
Dans la ville de Biskra, un artiste sort des sentiers battus pour explorer une forme d’art unique : la sculpture à partir de noyaux de dattes. Hamza, ancien fonctionnaire à la retraite, s’est lancé dans cette aventure artistique il y a quelques années, et aujourd’hui, ses créations suscitent admiration et fascination.
L’origine d’une passion
Tout a commencé par une simple découverte. Hamza se souvient du jour où il a vu pour la première fois une petite sculpture faite à partir de noyaux de dattes, mesurant à peine 20 centimètres. Intrigué par cette trouvaille, il a décidé d’explorer davantage ce matériau inattendu. « J’ai trouvé cette petite structure et je l’ai développée », raconte-t-il. De cette première sculpture modeste, Hamza est passé à des œuvres beaucoup plus grandes, en perfectionnant peu à peu sa technique.
Aujourd’hui, ses cadres artistiques, mesurant souvent 60 cm sur 80 cm, peuvent nécessiter entre 7 500 et 8 000 noyaux de dattes, triés, nettoyés et minutieusement assemblés. Chaque tableau lui demande environ 15 jours de travail acharné. « C’est un travail de patience et de précision », souligne-t-il.
Les noyaux de dattes : Une matière première naturelle
Hamza puise son matériau principal dans une ressource abondante à Biskra : les dattes. Avec des moulins locaux qui transforment les dattes en différents produits, les noyaux, considérés comme des résidus, sont récupérés par Hamza pour en faire la base de ses œuvres. « J’ai grandi dans une famille qui possède un moulin à dattes, et je récupérais les noyaux qui étaient autrement jetés », explique-t-il. Grâce à cette matière première naturelle, il crée des œuvres d’art qui célèbrent à la fois le patrimoine local et la nature environnante.
Il commence chaque projet en collectant des noyaux de dattes, puis les trie selon leur couleur – certains sont brun foncé, d’autres sont presque blancs. Ce processus de sélection est crucial pour créer les contrastes de couleurs dans ses œuvres. Ensuite, Hamza prépare la base en bois ou en contreplaqué sur laquelle il va disposer les noyaux, souvent en suivant une esquisse préalablement dessinée.
Un art en symbiose avec le palmier
L’inspiration de Hamza provient de l’environnement dans lequel il a grandi, entouré de palmiers et de dunes. « Je me concentre toujours sur la nature, en particulier sur le palmier, emblème de la région », explique-t-il. Ainsi, outre l’utilisation des noyaux de dattes, il intègre aussi parfois d’autres parties du palmier dans ses œuvres, comme des feuilles ou des tiges, pour renforcer cette connexion avec son environnement.
Hamza ne se limite pas aux simples cadres artistiques. Il a également fabriqué des objets utilitaires comme des chaises et des classeurs, tous fabriqués avec des éléments naturels. « Nous vivons dans une région riche en ressources naturelles, et il est important de les utiliser pour créer quelque chose de beau et d’utile », ajoute-t-il.
Des œuvres qui voyagent
Le travail de Hamza ne passe pas inaperçu. Ses œuvres ont voyagé bien au-delà des frontières de Biskra. Certains de ses cadres sont exposés dans des lieux prestigieux, comme le consulat algérien de Marseille ou encore au sein de ministères en Algérie. « Ce cadre de 60 sur 80 cm, par exemple, est estimé à 3,5 millions de dinars », raconte Hamza avec une pointe de fierté.
Cependant, plus que la valeur monétaire, c’est la reconnaissance de ses pairs et du public qui le motive à continuer. « Les gens m’encouragent énormément, surtout en voyant que je travaille avec des produits du terroir, issus de notre terre », dit-il. Certains établissements, comme l’hôtel Maurice à Laabonne, lui ont même proposé d’exposer ses créations pour les visiteurs.
Transmettre un savoir-faire
Loin de garder son art pour lui, Hamza est également déterminé à partager son savoir-faire. Lorsqu’il expose ses œuvres, il prend le temps d’expliquer aux jeunes et aux curieux les différentes étapes de la création, du tri des noyaux jusqu’à l’assemblage final. « Les jeunes sont curieux et posent beaucoup de questions. C’est toujours un plaisir de leur transmettre mes connaissances », dit-il.
Avec une telle passion pour son art et une détermination à rester fidèle à ses racines, Hamza prouve que l’on peut créer de véritables chefs-d’œuvre à partir des éléments les plus simples et les plus naturels.
L’avenir de l’art des noyaux de dattes
À l’avenir, Hamza espère continuer à développer son art et à faire connaître davantage ses œuvres, non seulement en Algérie mais aussi à l’international. Il rêve également de former une nouvelle génération d’artistes qui sauront perpétuer cette tradition unique de l’art avec des noyaux de dattes. « Tant qu’il y aura des dattes, il y aura de l’art à créer », conclut-il avec un sourire.