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Andrei Pavlenko : l’ingénieur russe honoré pour son rôle dans le déminage de l’Algérie

L’Algérie honore Andrei Pavlenko, l’ingénieur russe qui a contribué au déminage après l’indépendance

Dans les lignes parfois silencieuses de l’histoire algérienne, certains noms méritent d’être rappelés. Celui du colonel russe Andrei Pavlenko en fait partie. Spécialiste du déminage au sein de l’Armée soviétique, il a consacré une partie de sa carrière à soutenir l’Algérie nouvellement indépendante dans l’une de ses batailles les plus dangereuses : l’élimination des mines antipersonnel et antichar laissées par l’armée coloniale française sur les frontières.

Un héritage de guerre silencieuse

Après 1962, l’Algérie devait faire face à un défi colossal : plus de 11 millions de mines disséminées le long de la frontière orientale et occidentale. Ces engins, vestiges du système de la « ligne Morice » et de « la ligne Challe », menaçaient la vie des civils, empêchaient l’exploitation agricole et bloquaient le développement des territoires. Au fil des années, 2 millions de mines ont explosé, causant des milliers de victimes civiles.

C’est dans ce contexte, au nom d’un partenariat humain et technique entre l’Algérie et l’Union soviétique, que Pavlenko fut déployé pour contribuer aux opérations de nettoyage tout en transmettant ses compétences aux ingénieurs de l’Armée nationale populaire.

Grâce à cette coopération, l’Algérie parvint à neutraliser 9 millions de mines, faisant de cette opération l’un des plus grands programmes de déminage au monde.

Andrei Pavlenko : un rôle technique devenu symbole historique

Au-delà de l’expertise opérationnelle, Pavlenko a participé à la formation des équipes algériennes, leur permettant de maîtriser durablement les techniques de détection et de neutralisation. Son engagement s’est inscrit dans une relation stratégique durable entre Alger et Moscou, nourrie par l’entraide, l’effort commun et le respect mutuel.

Une reconnaissance officielle tardive mais profonde

Le 5 juin 2024, Andrei Pavlenko avait été reçu par le Chef d’État-Major, le général d’armée Saïd Chanegriha, et décoré de l’Ordre du Mérite national « Achir », l’une des distinctions les plus élevées en Algérie, en reconnaissance de son rôle essentiel dans la sécurisation des frontières et la protection des populations.

Aujourd’hui, un nouvel hommage vient consacrer cette histoire. Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu Andrei Pavlenko à Alger, saluant personnellement son engagement et rappelant que sa contribution avait sauvé des vies et rendu la terre à ses habitants.

Ce geste solennel marque une reconnaissance institutionnelle et humaine, affirmant que la mémoire nationale ne se limite pas aux héros connus, mais englobe aussi ceux qui ont servi dans le silence du sable, du risque et de la technique.

Un symbole de fraternité entre l’Algérie et la Russie

La figure de Pavlenko dépasse son parcours individuel. Elle incarne une alliance, une construction commune entre deux nations liées par l’histoire de la lutte, de l’indépendance et de la reconstruction. À travers lui, l’Algérie réaffirme que la gratitude est aussi une valeur souveraine.

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