Les champs du possible : l’Algérie sur la voie de l’autosuffisance alimentaire (PHOTOS)
Des moissonneuses batteuses traversent les champs de blé à perte de vue dans le désert algérien, marquant le début d'une nouvelle ère agricole.
Dans une démarche ambitieuse visant à atteindre l’autosuffisance alimentaire et à réduire sa dépendance vis-à-vis des marchés étrangers pour l’approvisionnement alimentaire, l’Algérie se lance dans des projets agricoles de grande envergure, nécessitant d’importantes quantités d’énergie et d’eau.
Sur les médias sociaux, des images impressionnantes circulent : des convois de gros camions se dirigeant vers Adrar, au cœur du désert algérien, pour la moisson des céréales. Ces scènes, partagées avec fierté par de nombreux Algériens, témoignent de l’ampleur des efforts déployés pour développer l’agriculture dans des régions jusque-là arides. Ces efforts sont le fruit d’investissements considérables, comme celui de l’entreprise turque Dunaysir, du groupe Dekinsan, qui a déjà injecté 25 millions de dollars dans le projet.
Kenan Kosen, président du conseil d’administration du groupe Dekinsan, se félicite des résultats prometteurs du projet à Adrar, soulignant que les autorités algériennes ont exprimé leur satisfaction quant à la qualité des récoltes. Actuellement opérationnel à 30% de sa capacité, le projet vise à atteindre 60% de sa capacité initiale d’ici un an, et 100% d’ici 2025.
Ce projet colossal de 4 000 hectares, qui devrait créer plus de 400 emplois permanents, n’est que le début. Le ministre algérien de l’Agriculture, Youcef Cherfa, a récemment signé un accord avec la société qatarienne Baladna pour un projet encore plus ambitieux à Adrar, dans le sud du pays.
La société qatarie Baladna annonce l’installation d’une ferme modèle en Algérie
Doté d’un investissement initial de 3,5 milliards de dollars, ce projet couvrira 117 000 hectares et comprendra une ferme de production de céréales et de fourrage, une ferme d’élevage de vaches pour la production de lait et de viande, ainsi qu’une usine de production de lait en poudre.
La première phase prévoit la mise en place de fermes pour répondre aux besoins en fourrage, la construction d’installations pour accueillir jusqu’à 50 000 têtes de bétail, et l’installation de lignes de production modernes de lait en poudre. À terme, le projet devrait compter 270 000 têtes de bétail produisant environ 1,7 milliard de litres de lait par an.
Ce projet a été salué par le président Tebboune, qui a souligné l’importance de parvenir à l’autosuffisance alimentaire pour protéger le pays des pressions extérieures. D’autres investissements significatifs sont également en cours dans le sud du pays, comme le projet de production de tomates industrielles dans le désert, lancé par l’entreprise algérienne Souakri en collaboration avec une entreprise italienne.
Ces initiatives visent à exploiter les vastes ressources naturelles du sud de l’Algérie, telles que la nappe albienne, l’une des plus grandes réserves d’eau souterraine au monde. Cependant, certains experts mettent en garde contre les défis écologiques et économiques posés par ces projets, soulignant la nécessité de gérer efficacement les ressources en eau et en énergie dans une région aux conditions climatiques extrêmes.