
Yasmina Sellam : “Le couscous est algérien, les preuves sont là”
Yasmina Sellam remet la science au cœur du débat sur l’origine du couscous.
Dans un climat marqué par les controverses identitaires autour des patrimoines culturels en Afrique du Nord, l’universitaire et chercheuse algérienne Yasmina Sellam a tenu à rétablir les faits avec rigueur scientifique. Invitée à s’exprimer par plusieurs médias nationaux, l’autrice du livre primé « Couscous, racines et couleurs d’Algérie » a répondu, documents à l’appui, à ceux qui tentent de remettre en question l’algérianité du couscous, plat emblématique de l’Afrique du Nord.
« À ceux qui doutent, qu’ils apportent les preuves »
Pour Yasmina Sellam, il ne s’agit pas d’une revendication émotionnelle, mais d’un travail d’historienne rigoureuse. « Celui qui affirme que le couscous n’est pas algérien doit le prouver. Il doit s’appuyer sur des documents, pas sur des discours creux », a-t-elle déclaré. Et de rappeler que la force d’un chercheur réside dans sa capacité à fonder ses travaux sur des sources écrites, des manuscrits, des récits de voyageurs et des traces archéologiques.
À ceux qui s’agitent dans des polémiques qu’elle qualifie de « vaines et sans fondement », elle réplique avec calme : « Nous écrivons de manière scientifique, nous restons dans notre cadre et nous parlons de ce qui nous concerne. L’homme qui se respecte ne s’abaisse pas à de telles querelles. »
Une réponse élégante aux tentatives d’appropriation culturelle
Depuis plusieurs années, des tensions symboliques naissent autour de la paternité de certains plats maghrébins, notamment le couscous. Si ce dernier est inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO comme un bien partagé par plusieurs pays, le débat sur son origine profonde reste sensible.
Yasmina Sellam, dans une posture académique, n’entre pas dans la provocation. Elle préfère opposer la science à la spéculation, et démontre, dans ses ouvrages, à quel point le couscous est ancré dans les pratiques culinaires régionales algériennes, avec une richesse de recettes, de couleurs, de céréales utilisées et de significations symboliques selon les régions.
Un travail salué à l’international
Le livre « Couscous, racines et couleurs d’Algérie », fruit de plusieurs années de recherche, a été primé en 2024 lors du prestigieux concours « Gourmand World Cookbook Awards » organisé au Portugal. Ce concours est considéré comme l’un des plus importants au monde dans le domaine de l’édition culinaire. L’ouvrage explore la diversité du couscous en Algérie, en s’appuyant sur des traditions orales, des recettes de famille, et des études ethnographiques.
Ce n’est pas la première reconnaissance pour l’autrice : en 2021, elle avait déjà été primée en Suède pour son livre précédent, « Mémoire de l’art culinaire algérien », également finaliste parmi les meilleurs livres historiques de cuisine au monde.
Le couscous : un miroir de la culture algérienne
Pour Yasmina Sellam, le couscous ne se résume pas à un plat : c’est un patrimoine, un art de vivre, un vecteur d’identité et de transmission. À travers ses recherches, elle rappelle que ce mets était autrefois cuisiné dans les grandes occasions, transmis de mère en fille, et qu’il porte en lui l’âme de la maison algérienne.
Son message est clair : au lieu de chercher à s’approprier ce qui appartient à d’autres, il vaut mieux œuvrer à préserver et documenter nos propres richesses culturelles, avec rigueur et humilité. Le couscous algérien, dans toute sa diversité, continue de parler au monde à travers la plume et le travail de chercheuses comme Yasmina Sellam.