
« Savon du désert » : La plante algérienne qui pourrait sauver les terres arides
Le « savon du désert », un espoir pour la préservation de la biodiversité et la durabilité des écosystèmes arides.
Le désert algérien, souvent perçu comme un espace hostile et inhospitalier, recèle pourtant des trésors naturels insoupçonnés. Parmi eux, une plante discrète mais aux propriétés étonnantes : l’Anabasis articulata, surnommée « savon du désert ». Utilisée depuis des siècles par les populations locales pour ses vertus nettoyantes et médicinales, cette plante suscite aujourd’hui l’intérêt des chercheurs pour son potentiel écologique dans la lutte contre la dégradation des sols et la salinisation.
Savon du désert : Une plante ancestrale aux multiples usages
L’Anabasis articulata, une plante résistante typique des zones arides, a longtemps été utilisée par les habitants du Sud algérien pour ses propriétés nettoyantes. Ses feuilles, riches en saponines, servaient traditionnellement de savon naturel. En plus de ses usages domestiques, elle est également reconnue pour ses vertus médicinales, notamment dans le traitement des affections cutanées et des troubles digestifs.
Cependant, ce qui attire aujourd’hui l’attention des scientifiques, ce sont ses capacités écologiques exceptionnelles. Une étude récente menée par des chercheurs algériens du Laboratoire de Bio-Ressources Sahariennes de l’Université Kasdi Merbah de Ouargla a révélé que cette plante pourrait jouer un rôle clé dans la réhabilitation des terres dégradées et la lutte contre la désertification.

Une étude prometteuse
Les chercheurs ont mené des tests sur des graines d’Anabasis articulata récoltées dans deux régions distinctes : Oued N’sa à Ouargla et Sed Rahal à Djelfa. Ces graines ont été exposées à des conditions extrêmes, notamment des niveaux de salinité allant jusqu’à 600 mmol et des températures variant entre 5 et 45°C.
Les résultats, publiés dans le Journal of Applied Research on Medicinal and Aromatic Plants, sont encourageants. Les graines ont démontré une capacité remarquable à germer et à se développer dans des environnements hostiles. Par exemple, 46 % des graines de Sed Rahal et 21 % de celles de Oued N’sa ont réussi à germer malgré les conditions difficiles. De plus, les chercheurs ont observé un développement satisfaisant des racines et des semis, ce qui confirme la résilience de cette plante.
Un atout pour les terres arides
Ces découvertes ouvrent de nouvelles perspectives pour la réhabilitation des terres salines et dégradées, un défi majeur dans les régions arides comme le Sahara algérien. L’Anabasis articulata pourrait ainsi devenir un outil précieux dans les projets de restauration écologique, en aidant à stabiliser les sols et à préserver la biodiversité locale.
« L’Anabasis articulata n’est pas une plante du désert ordinaire, mais un trésor écologique qui peut jouer un rôle majeur dans les projets de récupération des terres salines et de préservation de la biodiversité dans les zones arides », souligne l’étude.

Vers une valorisation durable
Au-delà de ses propriétés écologiques, cette plante représente également une opportunité économique pour les populations locales. Sa valorisation pourrait contribuer à créer des emplois dans les zones rurales, tout en encourageant des pratiques agricoles durables.
En parallèle, les chercheurs espèrent identifier d’autres espèces végétales aux propriétés similaires, afin de renforcer les efforts de lutte contre la désertification et de promouvoir la résilience des écosystèmes sahariens.
L’Anabasis articulata, ce « savon du désert », pourrait bien devenir un symbole de l’innovation écologique en Algérie, démontrant que même dans les environnements les plus hostiles, la nature recèle des solutions insoupçonnées.