
Fraise algérienne : Ce trésor agricole qui dort dans les étals
Produites en abondance mais vendues à prix bradés : Le cri d’alarme des fraisiculteurs algériens.
Un récent rapport du média spécialisé International Supermarket News a jeté un éclairage révélateur sur un paradoxe économique algérien : la fraise algérienne, bien que d’une qualité exceptionnelle et produite en abondance, reste une richesse largement sous-exploitée sur le plan commercial. Sous le titre « Excédent de fraises en Algérie : Haute qualité, prix bas et potentiel exportateur inexploité », l’étude souligne à la fois l’excellence de ce produit et les lacunes structurelles qui empêchent son rayonnement international.
Une qualité primée, une valeur sous-estimée
D’après l’analyse, l’Algérie produit des fraises d’une qualité remarquable, grâce à un climat propice et à l’adoption de techniques agricoles modernes. Pourtant, leur prix sur les étals locaux – environ 170 dinars (0,40 €) le kilo – ne reflète pas cette valeur, atteignant parfois des niveaux inférieurs à ceux de produits de base comme la pomme de terre.
« Cette dissonance entre qualité et prix illustre les déséquilibres d’un marché saturé, où l’absence de débouchés à l’export maintient les revenus des agriculteurs sous pression », explique le rapport. Les consommateurs algériens y trouvent leur compte, accédant à un fruit sain à moindre coût, mais les producteurs, eux, peinent à rentabiliser leurs exploitations.
Les racines d’un gâchis économique
Plusieurs facteurs expliquent cette « malédiction de l’abondance » :
- Périssabilité accélérée : La fragilité de la fraise exige des chaînes de froid et un conditionnement performants, encore insuffisants.
- Consommation locale limitée : Malgré des prix attractifs, les habitudes alimentaires restent en deçà du potentiel.
- Exportations anecdotiques : Seules des initiatives individuelles tentent de percer à l’étranger, sans stratégie nationale.
International Supermarket News relève pourtant que l’Algérie dispose d’atouts compétitifs pour séduire l’Europe, où la demande en fruits frais ne cesse de croître.
Un plan d’action pour conquérir les marchés
Le média préconise une feuille de route urgente, incluant :
- Infrastructures logistiques : Investir dans le transport réfrigéré et l’emballage aux normes internationales.
- Marketing territorial : Promouvoir la « marque Algérie » via des campagnes ciblées.
- Soutien aux agriculteurs : Crédits préférentiels et formations aux techniques d’export.
« Exporter ne signifie pas sacrifier l’accès local, mais créer de la valeur ajoutée pour toute la filière », insiste le rapport, citant l’exemple du Maroc, dont les exportations agricoles ont bondi grâce à une politique volontariste.
Le temps de la maturation
La fraise algérienne symbolise ainsi le décalage entre potentiel et réalisation. Pour ses auteurs, sa réussite future dépendra de la capacité des pouvoirs publics et des investisseurs à transformer cet « or rouge » en levier de développement – à condition d’agir avant que d’autres pays ne comblent ce créneau.