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Bordj El Kiffan : La renaissance colorée d’un quartier Algérois

Bordj El Kiffan se pare de mille couleurs, un vent de fraîcheur souffle sur Alger.

Sur la côte est d’Alger, entre mer et modernité, Bordj El Kiffan, autrefois connue sous le nom de Fort de l’Eau, se métamorphose en une véritable galerie d’art à ciel ouvert. Ses rues, autrefois ternes, explosent désormais de couleurs vives, rappelant les fresques murales des villes latino-américaines comme La Havane ou Valparaiso.

Une Explosion de Couleurs au Cœur d’Alger

Située à environ 15 km de la capitale algérienne, entre l’embouchure de l’oued El-Harrach et le cap Matifou, Bordj El Kiffan attire désormais les regards avec ses façades repeintes en bleu électrique, jaune soleil, rose pastel et vert turquoise. La cité Ali Khodja, en particulier, est devenue un symbole de cette renaissance artistique. Villas, boutiques et immeubles se transforment en toiles géantes, où artistes locaux expriment leur créativité.

Les réseaux sociaux se sont emparés de cette transformation. Des vidéos montrant le nouveau visage de la ville circulent largement, suscitant admiration et débats. « Bordj El Kiffan va devenir un trend », prédit un internaute enthousiaste. Pourtant, les réactions restent partagées. Si certains saluent cette initiative, d’autres y voient une simple opération cosmétique sans lendemain.

Entre Admiration et Scepticisme

« Vaut mieux contempler ces maisons hautes en couleur que de les regarder fades et monotones comme autrefois », peut-on lire sous une publication virale. D’autres, comme You Kar, expriment des réserves : « C’est bien et beau, mais sans une stratégie des autorités compétentes et une application des lois d’urbanisme, ça reste des actions isolées vouées à disparaître. »

Malgré ces critiques, l’initiative séduit. Ouar Lamine, un habitant, partage son enthousiasme sur la page Facebook « Les meilleurs et les pires coins d’Algérie » : « Un peu de couleur dans ce monde en noir et blanc, cela fait plaisir. »

Une Révolution Douce par la Couleur

Pour Salem, architecte interrogé sur cette transformation, l’impact va bien au-delà de l’esthétique : « Ce que l’on observe à Bordj El Kiffan est une révolution douce. La couleur devient un outil de transformation sociale. Elle attire les regards, les caméras, mais surtout les sourires. Elle prouve que la beauté urbaine n’est pas réservée aux grandes capitales riches, mais qu’elle peut naître de la volonté d’un peuple à embellir son environnement. »

Cette métamorphose rappelle celle de quartiers emblématiques comme La Boca à Buenos Aires ou Cartagena en Colombie, où l’art mural a redynamisé des zones autrefois délaissées.

Un Vent de Renouveau pour une Station Balnéaire Historique

Bordj El Kiffan, station balnéaire prisée à l’époque coloniale, retrouve peu à peu son lustre d’antan. Les ruelles, jadis monotones, se parent désormais de fresques murales qui racontent une histoire, celle d’une ville qui ose se réinventer.

Cette initiative, bien que portée par des artistes et habitants, soulève la question de sa pérennité. Sans un cadre institutionnel solide, ces couleurs pourraient-elles s’effacer aussi vite qu’elles sont apparues ? Quoi qu’il en soit, Bordj El Kiffan a déjà marqué les esprits, prouvant que l’art peut être un puissant vecteur de changement urbain et social.

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