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Une carte postale vivante à Bordj El Kiffan, mais à quel prix ?

Repeindre les façades, c’est magnifique. Mais oublier ceux qui vivent derrière ces murs, ce serait une erreur — merci à Slimane Boussoufa d’avoir mis en lumière cette réalité entre Bordj El Kiffan et Londres.

À quelques kilomètres à l’est d’Alger, la commune de Bordj El Kiffan (ex-Fort de l’Eau) connaît un renouveau visuel saisissant. Des façades d’immeubles repeintes dans des couleurs vives transforment peu à peu l’atmosphère urbaine. Cette initiative locale, saluée pour son apport esthétique, attire déjà les regards… mais elle pourrait aussi soulever certaines tensions. Cette réflexion, inspirée des propos du créateur de contenu Slimane Boussoufa, interroge sur les limites d’un succès touristique non encadré.

Une idée simple, un grand effet visuel

Des jeunes de Bordj El Kiffan ont décidé de donner une seconde vie à leur quartier en repeignant les immeubles dans une palette variée et audacieuse. L’effet est immédiat : les rues sont plus chaleureuses, l’ambiance plus vivante, et les visiteurs commencent à affluer, séduits par cette esthétique unique.

Bordj El Kiffan
Bordj El Kiffan en couleurs

Cette transformation n’est pas sans rappeler celle de Portobello Road à Londres, où les maisons multicolores sont devenues emblématiques. Le parallèle est d’ailleurs assumé par Slimane Boussoufa, qui attire notre attention sur les leçons à tirer de cette expérience étrangère.

De Portobello à Bordj El Kiffan : les deux faces du succès

Portobello Road est aujourd’hui une destination touristique incontournable. Mais ce succès a un revers : les habitants se plaignent de la foule, des caméras omniprésentes et même d’intrusions dans leur vie privée. Certains résidents ont raconté comment ils se sont retrouvés filmés à leur insu devant leur propre maison — une situation absurde mais malheureusement fréquente.

Portobello Road
Portobello Road (Flickr credits : Ian Wood)

Slimane Boussoufa anticipe un scénario similaire pour Bordj El Kiffan. Si la fréquentation touristique s’intensifie sans régulation, les habitants pourraient vite être dérangés par des visiteurs cherchant le selfie parfait à toute heure.

Anticiper les problèmes : une responsabilité municipale

Le message est clair : il faut agir avant que la situation ne devienne problématique. Selon Boussoufa, la commune de Bordj El Kiffan doit prévoir des espaces dédiés aux visiteurs et influenceurs, où ils pourront prendre des photos sans perturber la vie locale.

Autre idée pertinente : vendre des souvenirs numériques, comme des clés USB ou cartes SD contenant des photos professionnelles du quartier. Ces fichiers, vendus dans les commerces locaux, permettraient aux touristes de repartir avec des souvenirs visuels sans avoir besoin de saturer les trottoirs ou de déranger les habitants.

Slimane Boussoufa l’a bien dit : repeindre c’est bien, anticiper les nuisances, c’est mieux.

Une vision durable et inclusive du tourisme

Ce type d’initiative, qui mêle art urbain, jeunesse engagée et revalorisation du patrimoine local, mérite d’être soutenu et encadré. Plutôt que de subir un tourisme sauvage, Bordj El Kiffan peut devenir un modèle algérien de développement touristique intelligent : zones selfies bien pensées, jeunes ambassadeurs du quartier, merchandising culturel et respect des riverains.

Grâce à la vigilance et aux propositions de Slimane Boussoufa, cette transformation colorée ne sera pas qu’un effet de mode, mais un projet urbain durable et équilibré, au service de tous. Nous espérons que sa réflexion sera entendue et qu’elle inspirera une réelle dynamique positive pour l’avenir de la ville.

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