Presse et Médias

L’Algérie lance sa première unité de traitement du minerai de fer à Gara Djebilet

Tindouf : l’Algérie lance sa première unité de traitement du minerai de fer à Gara Djebilet

Un tournant majeur se profile pour l’industrie minière algérienne. Le pays s’apprête à franchir une étape historique avec la mise en service, fin avril 2026, de sa première unité de traitement primaire du minerai de fer issue du gisement de Gara Djebilet, dans la wilaya de Tindouf. Ce projet, piloté par le groupe industriel minier SONAREM, ambitionne de transformer le potentiel minier du sud-ouest algérien en moteur économique national.

Une unité stratégique pour la souveraineté industrielle

Dans un entretien accordé à l’Agence de presse algérienne (APS), le président-directeur général de SONAREM, Belkacem Seltani, a annoncé que cette unité industrielle affichera une capacité de production de 4 millions de tonnes par an. Elle assurera les opérations de broyage, concassage, criblage et séparation à sec du minerai de fer, avant son stockage et son transport. Grâce à une technologie de pointe, le site atteindra un taux de récupération supérieur à 85 %, optimisant ainsi la rentabilité économique et énergétique du projet.

Cette unité, dont la première pierre a été posée à la fin de l’année 2023 sous la supervision directe du président de la République, s’inscrit dans la stratégie nationale visant à valoriser les ressources minières du pays et à réduire la dépendance aux importations de matières premières industrielles.

Vers la création d’une filière intégrée du fer et de l’acier

En parallèle, SONAREM, à travers sa filiale FERAL, développe avec le groupe sidérurgique Tosyali une seconde unité dédiée à la production de concentré de fer.

Cette structure visera une pureté de 63 % de fer, avec une réduction significative du taux de phosphore, condition essentielle pour la transformation du minerai dans les complexes sidérurgiques algériens, notamment celui de Tosyali Oran.

Ce projet intégré marque une nouvelle étape dans la création d’une chaîne industrielle complète, de l’extraction à la production d’acier, ouvrant la voie à l’autonomie nationale dans la sidérurgie.


Des partenariats internationaux pour l’innovation minière

Le PDG de SONAREM a également révélé l’intérêt manifeste de grands groupes internationaux — notamment des États-Unis, de l’Inde et de la Chine — pour investir dans Gara Djebilet.
Des groupes de travail conjoints ont été mis en place afin de développer de nouvelles technologies destinées à réduire le phosphore et à accélérer les essais techniques sur le terrain.
Cette coopération internationale s’inscrit dans une logique d’innovation et de transfert technologique au profit de l’industrie minière algérienne.

Des chantiers miniers en pleine expansion dans tout le pays

Au-delà de Tindouf, SONAREM supervise plusieurs projets structurants dans diverses régions.
Avant la fin de 2025, plusieurs usines minières entreront en production :

  • une usine de dolomie à Oum El Bouaghi,

  • une usine de carbonate de calcium à Constantine,

  • une usine de baryte à Médéa,

  • et une usine de diatomite à Mascara.

Ces réalisations illustrent la volonté du pays de diversifier son portefeuille minier et d’exploiter les richesses géologiques de son territoire.

Parallèlement, les études techniques du projet intégré de phosphate à l’Est du pays, mené conjointement par Sonatrach et Sonarem, avancent rapidement.
Deux sociétés étrangères — italienne et allemande — finalisent les études, avec un achèvement prévu fin 2026, avant le lancement effectif de la phase de construction sur 36 mois.

L’accent sur la formation et le développement du capital humain

Pour accompagner cette expansion, SONAREM place le facteur humain au cœur de sa stratégie.
Le groupe prévoit le recrutement de 1 000 ingénieurs entre 2026 et 2027, tout en lançant des programmes de formation et de recherche appliquée en partenariat avec le ministère de l’Enseignement supérieur.
Ces initiatives visent à aligner les programmes universitaires sur les besoins des industries minières et à créer des équipes scientifiques spécialisées capables de soutenir les projets sur le terrain.

Exploration et nouvelles ressources : le pari de l’avenir

Le programme national d’exploration minière, lancé en 2021, comprend déjà 26 projets actifs et s’apprête à intégrer 16 nouveaux programmes, centrés sur la recherche de minéraux rares comme le kaolin (argile blanche).
Un partenaire italien a d’ailleurs exprimé son intérêt pour produire jusqu’à 2 millions de tonnes par an de cette matière utilisée dans les céramiques, les cosmétiques et les batteries.

Vers une industrie des batteries made in Algeria

L’Algérie n’exclut pas d’entrer dans la production locale de batteries rechargeables, un secteur stratégique à l’échelle mondiale.

Les études géologiques sur le lithium — ressource clé pour les batteries — se poursuivent, tandis qu’une coopération a été engagée entre SONAREM, Sonelgaz et la Société nationale des batteries, sous la direction de l’expert international Professeur Karim Zaghib.

L’objectif : lancer un projet national de fabrication de cellules LFP (Lithium-Fer-Phosphate), en combinant les ressources locales en fer et phosphate, avec un approvisionnement temporaire en lithium importé.
Ce programme pourrait marquer l’entrée de l’Algérie dans l’industrie mondiale des énergies propres.

Un tournant industriel pour le Sud algérien

De Gara Djebilet à Oum El Bouaghi, en passant par Béjaïa et Mascara, les chantiers miniers se multiplient, traduisant une volonté politique forte : faire du secteur minier un pilier de la croissance économique nationale.

Le lancement de l’unité de traitement du minerai de fer à Tindouf ne représente pas seulement un projet industriel, mais un symbole de souveraineté économique et technologique. À travers cette dynamique, l’Algérie affirme sa place dans la nouvelle géographie mondiale des matières premières stratégiques.

Bouton retour en haut de la page