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La Bataille d’Alger classée parmi les plus grands films anti-guerre de l’histoire

La Bataille d’Alger continue de marquer les esprits — un film plus actuel que jamais.

Le prestigieux site américain Collider, référence mondiale en matière de cinéma, a publié son classement des dix plus grands films anti-guerre de tous les temps. Parmi les titres mythiques comme Threads ou Apocalypse Now, un film algérien continue de s’imposer comme une œuvre majeure de la conscience politique et cinématographique : La Bataille d’Alger, classé à la troisième place. Une reconnaissance internationale qui prouve que ce film, tourné en noir et blanc en 1966, n’a rien perdu de sa puissance ni de sa pertinence.

Une œuvre intemporelle sur la guerre d’indépendance

Réalisé par Gillo Pontecorvo, cinéaste italien engagé, La Bataille d’Alger raconte, avec une intensité quasi documentaire, l’un des épisodes les plus marquants de la guerre d’indépendance algérienne. Le film retrace les affrontements entre les combattants du Front de Libération Nationale (FLN) et l’armée française dans les ruelles étroites de la Casbah, entre 1956 et 1957.

Grâce à son réalisme brut et à sa mise en scène quasi journalistique, le film donne la parole aux sans-voix, aux habitants d’Alger, aux résistants et aux soldats, sans glorification ni caricature. Cette neutralité, rare à l’époque, a contribué à sa force narrative et émotionnelle.

Lors de sa sortie en 1966 en Algérie et en Italie, puis brièvement en 1970 en France, le film a provoqué une onde de choc. Interdit pendant plusieurs années sur le territoire français, il était jugé trop sensible, car il ravivait des plaies encore ouvertes de la guerre d’Algérie.

Un film salué, censuré, puis réhabilité

Malgré la controverse, La Bataille d’Alger a rapidement conquis la critique internationale. Le film a remporté le Lion d’Or à la Mostra de Venise, et a été nominé trois fois aux Oscars, dont celle du meilleur réalisateur. Il figure également dans la liste prestigieuse des « 100 films italiens à sauver », un classement rendu public par le ministère de la Culture italien, qui reconnaît son impact historique et artistique.

Mais son influence dépasse le cadre du cinéma : il est étudié dans les écoles militaires et diplomatiques à travers le monde, notamment aux États-Unis, pour son analyse lucide de la guerre urbaine, de la résistance et des tactiques de contre-insurrection.

Un message universel qui résonne encore aujourd’hui

Presque six décennies après sa sortie, La Bataille d’Alger demeure une œuvre d’actualité. Collider souligne que son message anti-impérialiste et humaniste reste d’une pertinence saisissante. Dans un monde encore marqué par les conflits, les occupations et les luttes pour la liberté, le film continue d’interroger : qu’est-ce que la résistance ? Quelles sont les limites de la légitimité dans la lutte armée ?

Le long-métrage ne se contente pas de dénoncer l’oppression : il expose les dilemmes moraux et psychologiques de la guerre, des deux côtés. Ce réalisme émotionnel explique pourquoi il fascine encore chercheurs, cinéastes et spectateurs du monde entier.

Un héritage pour la mémoire algérienne

Pour l’Algérie, La Bataille d’Alger n’est pas qu’un film : c’est un miroir historique, un symbole de résistance et d’identité nationale. Il a permis de documenter une mémoire collective longtemps marquée par la souffrance et le silence. Aujourd’hui encore, il inspire de nouvelles générations d’artistes, de réalisateurs et de militants algériens à raconter leur histoire, avec vérité et courage.

Comme le rappelle Collider, « La Bataille d’Alger n’est pas seulement un film sur la guerre, c’est un cri universel contre toute forme de domination ». Et c’est précisément pour cette raison qu’il continue de fasciner — de Paris à Los Angeles, en passant par Alger.

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