Fly Westaf : La première compagnie low cost algérienne abandonne son projet
Fly Westaf, la première compagnie low cost algérienne, abandonne ses ambitions face aux obstacles locaux.
L’Algérie a vu disparaître les espoirs de nombreux voyageurs cherchant des vols à bas prix avec l’abandon du projet de la première compagnie aérienne low cost, Fly Westaf. C’est le député Abdelouahab Yagoubi qui a annoncé cette triste nouvelle, exprimant son regret face à la fin de ce projet prometteur pour l’aviation en Algérie.
Un projet ambitieux pour une aviation accessible
Fly Westaf, initiée par le capitaine Chakib Ziani Chérif, était vue comme une bouffée d’air frais pour un marché aérien algérien dominé par des tarifs élevés et une concurrence limitée. Ce projet de compagnie aérienne low cost, entièrement algérienne, avait pour ambition de révolutionner le transport aérien dans le pays en offrant des options de voyage plus abordables à la population. Fin janvier 2022, Fly Westaf a fait parler d’elle en annonçant son inscription au registre national du commerce. Cette annonce avait suscité un engouement sans précédent sur les réseaux sociaux, où de nombreux Algériens avaient exprimé leur satisfaction et leur optimisme quant à l’arrivée d’une compagnie low cost locale.
Cependant, contrairement à ce que beaucoup espéraient, cette inscription n’était que la première étape d’un long processus. Aucune annonce officielle sur le début des opérations commerciales de la compagnie n’avait suivi, plongeant les voyageurs potentiels dans l’attente. Le silence qui s’est installé autour du projet après cette annonce a nourri les incertitudes. La communauté des voyageurs algériens, enthousiasmée par cette perspective, est rapidement passée de l’espoir à la frustration.
Un projet freiné par des obstacles internes
La triste confirmation de l’abandon du projet est survenue le 16 septembre 2024, lorsque Abdelouahab Yagoubi a pris la parole pour annoncer, avec regret, que Fly Westaf ne verrait pas le jour en Algérie. Ce député, fervent défenseur de l’ouverture du marché du transport aérien à la concurrence, a expliqué avoir soutenu et accompagné le capitaine Ziani Chérif pendant près de deux ans dans ses démarches pour concrétiser ce projet. Pourtant, malgré les efforts déployés et la détermination du commandant, toutes les tentatives pour ouvrir une voie vers le succès ont échoué.
Selon Yagoubi, le principal obstacle rencontré par Fly Westaf a été le manque d’ouverture et de soutien aux initiatives privées dans le secteur de l’aviation civile en Algérie. Le marché algérien, notoirement réglementé et dominé par des acteurs publics, s’est montré peu propice à la création de nouvelles entreprises, et ce, malgré la demande croissante pour des offres de transport aérien plus compétitives. « Toutes les portes sont restées fermées », a regretté Yagoubi, soulignant ainsi l’absence de soutien institutionnel dont a souffert Fly Westaf.
La fuite des talents et des opportunités
Confronté à des obstacles insurmontables, le capitaine Ziani Chérif a dû se tourner vers de nouvelles opportunités, où les initiatives économiques sont davantage encouragées et soutenues. « Il a été forcé de partir ailleurs », a regretté Yagoubi, déplorant la perte d’un projet qui aurait pu dynamiser le secteur aérien algérien et offrir aux voyageurs une alternative plus abordable.
L’abandon de ce projet n’est pas seulement un coup dur pour le secteur du transport aérien, mais aussi pour l’image de l’Algérie en tant que terre d’opportunités pour les investisseurs. Cette situation illustre une tendance préoccupante : la fuite des talents et des investisseurs vers des pays où les conditions sont plus favorables à la création et à l’innovation. Fly Westaf, qui aurait pu être la première compagnie low cost algérienne, est désormais l’exemple même de cette dynamique, où les entrepreneurs locaux se voient contraints de chercher des opportunités ailleurs faute de soutien national.
Quel avenir pour le transport aérien en Algérie ?
L’abandon de Fly Westaf soulève des questions plus larges sur l’avenir du secteur aérien en Algérie. Alors que de nombreux pays ont vu l’émergence de compagnies aériennes à bas prix pour répondre à la demande croissante de voyages accessibles, l’Algérie semble à la traîne. Le manque de concurrence et l’absence d’initiatives privées dans ce domaine maintiennent les prix des billets d’avion à des niveaux élevés, rendant le voyage aérien hors de portée pour une grande partie de la population.
L’appel lancé par Yagoubi pour la privatisation du secteur de l’aviation civile et l’ouverture à la concurrence semble plus que jamais pertinent. Si des mesures ne sont pas prises pour encourager l’investissement privé et faciliter la création de nouvelles compagnies aériennes, l’Algérie risque de continuer à perdre des opportunités d’améliorer son réseau de transport aérien et de satisfaire les besoins croissants de ses citoyens en matière de mobilité.
La fin du projet Fly Westaf est une occasion manquée pour l’Algérie de moderniser son secteur aérien et d’offrir à ses citoyens des solutions de transport plus accessibles. Mais cet échec pourrait aussi servir de catalyseur pour une prise de conscience nationale et inciter les autorités à ouvrir enfin le ciel algérien à de nouvelles initiatives.