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Drame de Oued El Harrach : quand de jeunes Algériens deviennent des héros

Dans les eaux boueuses de Oued El Harrach, des héros ont écrit une page de bravoure inoubliable.

L’Algérie a une fois de plus été témoin d’un drame où la tragédie et l’héroïsme se sont entremêlés. L’accident survenu récemment à Oued El Harrach, où un bus a sombré dans les eaux boueuses de l’oued, restera gravé dans la mémoire collective non seulement par le nombre de victimes, mais surtout par le courage exceptionnel de jeunes Algériens qui n’ont pas hésité une seule seconde à plonger dans l’eau pour sauver des vies.

Dès les premières minutes qui ont suivi l’accident, alors que la panique régnait et que les secours tardaient à arriver sur place avec les moyens adaptés, plusieurs citoyens se sont jetés spontanément dans les eaux troubles. Munis de simples cordes, de pneus et de leur force physique, ils ont lutté contre le courant et les obstacles pour atteindre le bus coincé au milieu de l’oued. Les vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent des scènes bouleversantes : des jeunes tirant les passagers épuisés vers la rive, d’autres soutenant ceux coincés sur le toit du véhicule en attendant l’arrivée de la protection civile.

Le récit des rescapés et des sauveteurs improvisés

Nazim, l’un des témoins directs et sauveteur volontaire, raconte cette scène marquée à jamais dans sa mémoire :

« Nous étions en voiture pour aller jouer un match de football à Boulou. En passant sur le pont, nous avons vu une foule rassemblée. En nous approchant, nous avons compris qu’un bus venait de tomber dans l’oued. Sans réfléchir, nous avons sauté à l’eau. Mes amis Musab, Yacoub et Alaa du quartier El Harrach n’ont pas hésité non plus. Nous avons réussi à sortir plusieurs passagers, certains encore en vie, d’autres malheureusement sans souffle. Une image que je n’oublierai jamais : une femme avec ses deux enfants. Les petits ont survécu, mais la mère a rendu l’âme… et les enfants refusaient de la quitter. »

Un autre jeune, également parmi les premiers à intervenir, témoigne avec émotion :

« Nous avons réussi à sauver huit personnes vivantes et à récupérer dix-sept corps, aux côtés de la protection civile. J’ai vu des scènes insoutenables, mais aussi des moments d’espoir. Une femme que j’ai sortie croyant qu’elle était décédée respirait encore. La vie a triomphé, ne serait-ce qu’une fois, au milieu de la mort. »

Un exemple de solidarité profondément algérien

Ces gestes héroïques ne sont pas isolés. L’histoire récente de l’Algérie, comme celle de sa diaspora, regorge d’exemples similaires : des jeunes plongeant dans la Seine à Paris pour sauver des enfants, des voisins risquant leur vie pour sortir des familles de maisons en flammes… Cet élan de bravoure et de solidarité incarne une valeur profondément enracinée dans la culture algérienne : le sacrifice de soi pour protéger l’autre.

Un appel à la reconnaissance nationale

Aujourd’hui, la société rend hommage à ces héros anonymes. Les réseaux sociaux sont inondés de messages de gratitude et d’admiration. Mais au-delà de l’émotion, beaucoup estiment qu’il est nécessaire que l’État reconnaisse officiellement ces actes de bravoure.

Attribuer des médailles de mérite national à ces jeunes hommes serait non seulement un hommage symbolique à leur courage, mais aussi un rappel que la solidarité est une valeur à célébrer et à protéger.

Dans une époque où les tragédies révèlent souvent les failles de nos systèmes, le drame de Oued El Harrach a aussi mis en lumière le plus beau visage de l’Algérie : celui d’une jeunesse prête à risquer sa vie pour sauver celle des autres.

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