Bali-Gheith-Blues : L’hommage émouvant au maître de la musique targui Othmane Bali

Le monde de la musique targuie se prépare à rendre hommage au regretté chanteur Othmane Bali à travers un documentaire captivant intitulé « Bali-Gheith-Blues ». Le producteur de cette œuvre, Abdelkrim Sekkar, a révélé que le premier tour de manivelle de ce documentaire, qui plonge dans la vie du maître chantre de la chanson targuie, aura lieu prochainement.

Ce documentaire vise à explorer les aspects connus et méconnus de la vie et des œuvres d’Othmane Bali, mettant en lumière ses concerts et randonnées à travers le monde. Avec plus de 250 morceaux musicaux à son actif, l’artiste a laissé un héritage lyrique exceptionnel que son fils compte valoriser à travers des albums enregistrés à Djanet ou dans des studios internationaux.

Le titre du documentaire, « Bali-Gheith-Blues », révèle l’intention du producteur de combiner l’aspect dramatique de la vie d’Othmane Bali, l’usage symbolique de la pluie dans le patrimoine culturel arabe et l’exploitation du genre musical mondial Afro-américain, le Blues. Cette fusion artistique offre un hommage unique et poignant à l’artiste disparu tragiquement en 2005, emporté par les eaux tumultueuses de l’Oued « Adjriou » à Djanet, suite à des pluies diluviennes.

Le documentaire explore le génie musical virtuose d’Othmane Bali, ses inspirations maternelles et son attachement profond à sa ville natale, Djanet. Il présente également les performances artistiques du chanteur sur le sable et sur scène, ainsi que ses tournées musicales à Londres et dans d’autres pays du monde, où il a enchanté les spectateurs avec son chœur musical.

Pour enrichir ce portrait, le réalisateur Mohamed Zaoui a recueilli des témoignages de personnes ayant connu Othmane Bali, ainsi que des séquences filmées de ses lieux de vie, de travail et de création. Parmi les témoins figurent des personnalités telles que le musicien américain Steve Schuman et le musicien français de Jazz, Jean-Marc Padovani, qui ont partagé la scène avec le défunt artiste lors de concerts mémorables à travers le monde.

Ce documentaire a pour objectif de préserver la mémoire d’Othmane Bali en tant qu’icône de la musique targuie et de souligner son impact sur la scène artistique mondiale. Il met en lumière l’ouverture d’esprit de l’artiste, sa créativité exceptionnelle et son engagement envers la préservation du patrimoine immatériel, tout en transmettant des messages positifs à travers sa musique.

« Mohamed Zaoui et son équipe de tournage s’efforcent de faire de ce documentaire une œuvre exhaustive retraçant l’histoire de cet aède touareg, en établissant des liens culturels et en valorisant la symbolique de l’eau dans la culture des Touaregs », a déclaré Abdelkrim Sekkar, le producteur.

Ce film documentaire, en plus de rendre hommage à un artiste exceptionnel, contribue à promouvoir le tourisme saharien et à mettre en avant les richesses culturelles et matérielles de la région de Djanet. Il offre aux spectateurs un voyage intime et émouvant dans l’univers de l’homme bleu, Othmane Bali, dont l’héritage musical continue d’inspirer des générations entières.

Biographie de Othmane Bali

Othmane Bali, de son vrai nom Mebarek Athmany, était bien plus qu’un chanteur algérien Touareg. Né en mai 1953 à Djanet, au cœur du Grand Sud algérien, il a été bercé par les mélodies envoûtantes de sa mère, une grande chanteuse de tindé. Sous l’ombre du plus haut palmier de Djanet, il a découvert sa passion pour la musique, un héritage familial précieux.

Chirurgien de formation, Othmane Bali a trouvé dans la musique le langage de son âme. Virtuose du luth arabe, l’oud, il a marqué les esprits avec ses interprétations empreintes de poésie et d’émotion. Au rythme du tindé, un genre musical de sa région natale, il a captivé le cœur des auditeurs, contribuant ainsi à faire connaître cette musique au public algérien et international.

Au-delà des frontières, Othmane Bali a été un ambassadeur de la musique Touareg. Auteur, compositeur et interprète, il a écrit des textes en tamacheq, en arabe, et parfois même en français, ajoutant ainsi une touche multiculturelle à ses chansons. Il a réinventé les sonorités du terroir, lui offrant une renaissance musicale.

Malheureusement, le 17 juin 2005, dans le doux crépuscule de Djanet, Othmane Bali a été emporté par les eaux de l’oued, laissant derrière lui un héritage musical inestimable. Son fils, l’auteur et interprète Nabil Bali, continue de porter son nom et son talent, perpétuant ainsi la tradition musicale exceptionnelle initiée par son père. Othmane Bali demeure dans nos cœurs, son art et sa passion résonnant à travers les âges, rappelant à tous l’importance de préserver l’essence même de la musique Touareg.