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Dinar algérien : repli de l’euro et du dollar sur le marché noir

L’euro recule à 265 DZD sur le marché noir : un signal ou un simple répit ?

Un vent de changement semble souffler sur les marchés informels des devises en Algérie. Pour la première fois depuis plusieurs semaines, l’euro et le dollar américain ont légèrement reculé face au dinar algérien, notamment sur les places bien connues d’Alger, Oran et Annaba. Ce mouvement, bien que modéré, relance les interrogations : s’agit-il d’une correction passagère ou du début d’un nouvel équilibre dans la dynamique du marché parallèle ?

L’euro marque un recul symbolique

Alors qu’il se maintenait aux alentours de 266 dinars à la vente et 264 dinars à l’achat, l’euro est descendu à 265/262 DZD, selon des cambistes de la place Port Saïd à Alger. Une baisse minime, certes, mais significative pour les habitués de ce marché extrêmement sensible à la loi de l’offre et de la demande.

« Ce recul traduit un léger affaiblissement de la demande, notamment en raison du retour de la liquidité dans certains circuits », explique un changeur sur place.

En cette période estivale, marquée par des flux importants de voyageurs et de transferts de devises, le marché réagit rapidement à tout ajustement de comportement chez les particuliers comme chez les cambistes.

Le dollar suit la tendance

Le billet vert n’est pas en reste : vendu à 226 DZD et acheté à 222 DZD, il reflète une dynamique similaire, bien que moins marquée que celle de l’euro. Les cambistes expliquent cette stabilité relative par une demande généralement plus soutenue en euros, notamment de la part des familles algériennes en lien avec l’Europe.

Un écart structurel toujours profond

Malgré ce recul, l’écart entre le marché officiel et parallèle reste abyssal. Les chiffres publiés par la Banque d’Algérie indiquent :

  • Taux officiel de l’euro : 152,53 DZD

  • Taux officiel du dollar : 129,57 DZD

Un différentiel de plus de 100 dinars dans le cas de l’euro, symptomatique d’un système de change dual persistant et d’une dépendance populaire au marché noir, faute d’alternatives accessibles.

Vers un rééquilibrage ou simple répit ?

Certains analystes y voient un ajustement conjoncturel, lié à :

  • La fin de certaines périodes de forte demande (pèlerinage, vacances)

  • Le retour de la liquidité dans les mains de certains opérateurs

  • L’attente de nouvelles baisses par les acheteurs, qui retardent leurs opérations

« Certains préfèrent attendre, espérant des taux plus intéressants. D’autres en profitent pour échanger rapidement, anticipant une éventuelle remontée », témoigne un intermédiaire actif à Oran.

Le dinar peut-il réellement se redresser ?

Pour l’instant, il serait prématuré de parler d’un retour en force du dinar. Plusieurs conditions devraient être réunies pour un changement durable :

  1. Diminution prolongée de la demande en devises sur le marché parallèle

  2. Renforcement de l’offre officielle via des canaux accessibles aux particuliers

  3. Mise en place de mesures étatiques pour encadrer, voire freiner, le marché noir

Sans ces leviers, l’écart entre les deux marchés risque de se maintenir, voire de s’accentuer en cas de tensions économiques ou politiques.

Le dinar algérien respire, certes, mais il est encore loin d’un véritable retour à la stabilité. Ce mouvement de repli des devises étrangères doit être interprété avec précaution, tant il repose sur des facteurs temporaires. Pour l’heure, les Algériens restent attentifs à l’évolution des taux, et espèrent un encadrement plus réaliste du change officiel afin de sortir, progressivement, de la logique du « marché parallèle par défaut ».

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