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La Waziaa : Un rituel de solidarité au cœur de Yennayer en Algérie

La Waziaa, une tradition qui unit riches et pauvres autour d’un partage équitable.

Les Algériens ont célébré hier soir le Nouvel An amazigh, communément appelé Yennayer, en respectant des coutumes riches et variées. Parmi ces traditions, certaines sont festives, tandis que d’autres, comme la célèbre Waziaa, incarnent les valeurs humaines de solidarité et de partage, caractéristiques du tissu social algérien.

La Waziaa : Un héritage millénaire

La Waziaa, appelée également « Timsherṭ », « Lwazî’et », « la Qour’a », « Touiza » ou encore « Nefqa », est une coutume ancestrale pratiquée depuis plus de 3 000 ans par les populations amazighes du Maghreb. Selon les écrits d’Abû Hafs Ibn ‘Abd al-Rahmân al-Jaznâ’î, l’origine du mot est arabe et provient du terme « distribution ». Cette tradition repose sur un principe de partage et de solidarité : les habitants d’un village, qu’ils soient riches ou pauvres, se réunissent pour sacrifier un ou plusieurs animaux (généralement des bovins, des ovins ou des caprins).

Les morceaux de viande obtenus sont ensuite équitablement répartis entre les familles de la communauté, reflétant ainsi l’égalité et l’entraide sociale. Au-delà d’un simple rituel, la Waziaa symbolise l’unité des Algériens et leur esprit de fraternité.

Un rituel préparé avec soin

La mise en œuvre de la Waziaa est précédée d’un processus minutieux. Les notables du village, souvent surnommés « les sages », se réunissent généralement dans une mosquée pour planifier l’événement. Lors de ce rassemblement, chaque détail est soigneusement organisé : la collecte des contributions, le choix des animaux, la préparation du lieu de l’abattage, et enfin la répartition des rôles.

Chaque habitant contribue selon ses moyens, tandis que les familles les plus démunies en sont exemptées. Après l’abattage, les morceaux de viande sont distribués proportionnellement au nombre de membres de chaque famille, grâce à un recensement rigoureux effectué au préalable.

Une journée de solidarité et de spiritualité

La Waziaa ne se limite pas à une simple cérémonie d’abattage et de distribution. Elle est également un moment de recueillement et de spiritualité. Pendant que certains villageois participent activement aux tâches matérielles, les anciens animent des séances de dhikr (invocations religieuses) et de récitation du Coran à proximité du lieu de l’abattage, conférant ainsi une dimension sacrée à l’événement.

Les femmes, de leur côté, préparent des plats traditionnels pour accompagner cette journée spéciale. Couscous, gâteaux et autres mets locaux viennent enrichir les festivités, créant une atmosphère conviviale où traditions culinaires et culturelles se mêlent harmonieusement.

Une tradition polyvalente et pérénne

Bien que particulièrement associée aux célébrations de Yennayer, la Waziaa est également pratiquée lors d’autres événements religieux tels que Achoura. À travers les siècles, cette coutume a survécu aux changements sociaux et culturels, s’imposant comme une valeur sûre des traditions algériennes.

En préservant cette pratique millénaire, les Algériens perpétuent non seulement une partie essentielle de leur patrimoine culturel, mais ils transmettent également des valeurs universelles de solidarité et de justice sociale. La Waziaa demeure ainsi un témoignage vivant des liens profonds qui unissent les membres de la communauté, quelles que soient leurs différences sociales ou économiques.

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