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Orangina, une pulpeuse saga née à Boufarik en Algérie

Orangina : Une histoire juteuse qui a débuté dans la ville ensoleillée de Boufarik, Algérie

Orangina, on connaît la forme de ses bouteilles, la saveur de sa pulpe et les slogans de ses publicités (“Secouez-moi, secouez-moi !”), mais moins ses origines algériennes. C’est pourtant à Boufarik (Blida), à une trentaine de kilomètres au sud d’Alger, qu’Orangina a vu le jour, avant de devenir une boisson gazeuse mondialement connue grâce au “génie marketing” de Jean-Claude Beton, un pied-noir décédé lundi 2 décembre à l’âge de 88 ans.

La récolte des Oranges à Boufarik, la capitale des Oranges. La célèbre boisson gazeuse “Orangina” est née à Boufarik, son fondateur Léon Béton, natif de Boufarik. La clémentine est aussi née en Algérie, et elle doit son nom au directeur de l’orphelinat de Misserghine (Oran), le père Clément, qui aurait eu l’idée de croiser un mandarinier avec une orange douce. Le fruit ainsi créé étant un hybride dont la multiplication est obtenue par greffage, cela explique que la clémentine soit presque dépourvue de pépins.

Le fruit est baptisé « Clémentine » par la société d’horticulture d’Alger en l’honneur de son créateur. L’idée de ce jésuite était brillante, car la clémentine supplante dorénavant la mandarine en popularité du fait qu’elle est plus facile à peler, moins acide et que sa chair dépourvue de pépins en fait une favorite des collations d’écoliers. Aujourd’hui elle est principalement cultivée en Algérie, au Maroc, et en Espagne. Mais celle d’Algérie reste la meilleure.

Orangina

L’aventure commence en 1936 dans la plaine de la Mitidja, alors située dans l’un des départements français d’Algérie. Léon Beton, son père, propriétaire d’une orangeraie et commerçant prospère d’huiles essentielles, sort la première bouteille d’”Orangina, soda de naranjina”, à partir d’une formule élaborée par le docteur Agustin Trigo Mirallès, un pharmacien de Valence, en Espagne. Les ingrédients : concentré d’orange, eau sucrée gazeuse et un soupçon d’huile essentielle. Mais le projet est stoppé par la guerre civile espagnole, puis la Seconde Guerre mondiale.

Fraîchement diplômé en agronomie, Jean-Claude Beton ressort l’idée des cartons en 1951. Après avoir créé la société Naranjina Nord-Maghreb, par laquelle il produit et commercialise son soda en Algérie, le jeune entrepreneur offre une identité visuelle à la marque. Désormais, la bouteille arbore les formes d’une orange et la boisson fait l’objet d’une ingénieuse campagne publicitaire conçue par l’affichiste Bernard Villemot.

Orangina

“Gênés par cette bouteille ronde”

Si, comme le rappelait l’hebdomadaire “Jeune Afrique” en août 2013, “les cafetiers sont d’abord gênés par cette bouteille ronde qui prend de la place dans les réfrigérateurs”, elle finit par conquérir les tables des bistrots d’Algérie… puis de la métropole.

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Credit : Nassim Herkat

Après avoir séduit le Maghreb, Orangina prend en effet ses quartiers en 1961 à Marseille, à l’approche de l’indépendance de l’Algérie. L’ascension est fulgurante et la structure familiale, de plus en plus convoitée, finira par être avalée en 1984 par le groupe Pernod-Ricard. Orangina change de mains à plusieurs reprises à partir de 2001, passant notamment sous la coupe de Cadbury Schweppes, et traverse une période difficile jusqu’à son rachat par le japonais Suntory fin 2009.

Un retour au pays en 2003

Orangina

Le groupe Orangina Schweppes, qui emploie 2 500 salariés, dont 600 en France, répartis dans quatre sites de production et deux administratifs, a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires de 1,2 milliard d’euros.

Sur ses terres natales, la boisson a connu en revanche des fortunes diverses. Après le transfert du groupe à Marseille, plusieurs entrepreneurs locaux ont continué à exploiter le label sans agrément de la maison mère. Il aura fallu attendre 2003 pour qu’une usine de production sous licence Orangina soit de nouveau active en Algérie.

Le site fut inauguré en grande pompe en présence du ministre algérien de l’Industrie, de l’ambassadeur de France et du fondateur du groupe. “C’était la première fois que Jean-Claude Beton remettait les pieds en Algérie depuis 1967, rapporte un témoin, cité par “L’Expansion”. Lorsqu’il a visité son ancienne usine et vu ses anciens ouvriers, il en a eu les larmes aux yeux.”

Avec dépeches (AFP)

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