
Une relique diplomatique de 1743 offerte à la Grande Mosquée d’Alger
Le recteur de la Grande Mosquée reçoit des mains de l’ambassadrice de Norvège un document datant de 1743.
Alger a récemment été le théâtre d’un événement diplomatique et culturel d’une grande portée symbolique. Le recteur de la Grande Mosquée d’Alger, cheikh Mohamed Mamoune El Kassimi El Husseini, a reçu des mains de Son Excellence l’ambassadrice du Royaume de Norvège, un cadeau d’une rare valeur historique : une copie d’un document diplomatique daté de 1743, retraçant un épisode maritime entre l’Algérie et la Norvège en Méditerranée.
Un document diplomatique inédit
La pièce, soigneusement conservée dans les archives norvégiennes, relate un incident survenu au XVIIIe siècle. Une embarcation norvégienne, naviguant en Méditerranée, fut interceptée par les autorités maritimes algériennes en raison de l’absence d’une « patente de passage méditerranéenne ». Cette autorisation était alors indispensable pour la navigation dans ces eaux, soumises à des règles strictes imposées par la Régence d’Alger.
Le texte précise que le dey, informé de la situation, avait ordonné la libération de l’équipage, tout en rappelant la nécessité impérieuse pour les navires étrangers de se conformer aux lois maritimes et aux accords bilatéraux. La correspondance témoigne ainsi de la puissance navale et diplomatique d’Alger à cette époque, ainsi que de sa capacité à s’imposer comme arbitre dans l’espace méditerranéen.
La Méditerranée, espace de souveraineté et d’influence
À travers ce document de plus de deux siècles et demi, c’est tout un pan de l’histoire de la Méditerranée qui refait surface. L’Algérie du XVIIIe siècle, encore structurée en régence ottomane mais dotée d’une autonomie affirmée, s’imposait déjà comme une force incontournable de la région.
La maîtrise des routes maritimes lui permettait non seulement de garantir sa sécurité et ses intérêts économiques, mais également de faire respecter des normes qui s’appliquaient aux puissances européennes, qu’elles soient du Nord — comme la Norvège — ou du Sud. Cette réalité rappelle combien le bassin méditerranéen fut longtemps un espace de rivalités, de négociations et de confrontations diplomatiques intenses.
Une reconnaissance symbolique
Dans son allocution, le recteur de la Grande Mosquée d’Alger a souligné l’importance de ce geste. Selon lui, cette initiative illustre le respect mutuel et le souci commun de préserver la mémoire des relations entre les deux nations. Il a rappelé que l’histoire de l’Algérie demeure marquée par des épisodes de grandeur maritime et diplomatique, constituant un héritage dont le pays reste fier et qu’il se doit de transmettre aux générations futures.
Cheikh Mohamed Mamoune El Kassimi a également insisté sur le rôle actuel de l’Algérie dans la consolidation des partenariats internationaux. Il a réaffirmé la volonté de son pays de renforcer davantage ses relations avec le Royaume de Norvège, dans le cadre d’un dialogue fondé sur la souveraineté, les intérêts mutuels et le respect réciproque.
📜 Transcription (modernized French, clearer structure)
Alger, le 10 novembre 1743
Monsieur,
La présente est pour vous assurer de la volonté que j’ai de vous rendre tous les services possibles. J’ai bien reçu la lettre que vous m’avez adressée et j’ai pris soin de la transmettre à Monsieur le Consul de Suède, qui a toujours montré une grande amitié pour vos affaires.
Je ferai en sorte de vous donner toute l’assistance nécessaire dans vos démarches. J’ai parlé de votre situation et des difficultés que vous rencontrez, et je puis vous assurer de toute ma considération et de mon zèle à vous être utile.
Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mon profond respect.
Signatures :
Député de la Nation
Monsieur Mankell, Consul de Suède à Alger
Une passerelle entre mémoire et diplomatie contemporaine
La remise de cette relique ne se réduit pas à un simple échange protocolaire. Elle constitue un symbole fort : celui de la continuité historique des liens entre l’Algérie et la Norvège, malgré les distances culturelles et géographiques. Elle met en lumière la pertinence du patrimoine historique comme vecteur de rapprochement entre nations modernes.
En offrant ce document, la Norvège rend hommage à la profondeur historique de l’Algérie tout en affirmant sa volonté de développer une coopération apaisée et équilibrée. De son côté, l’Algérie, fière de son passé méditerranéen, y trouve une occasion d’affirmer la permanence de sa souveraineté et de son identité sur la scène internationale.