5G en Algérie : le déploiement démarre enfin, service attendu dans 30 jours

L’Algérie entre officiellement dans l’ère de la cinquième génération mobile. Après des mois d’attente et de spéculations, les trois opérateurs de téléphonie mobile — Mobilis, Djezzy et Ooredoo — détiennent enfin leurs licences 5G. La publication des décrets exécutifs signés par le Premier ministre Saïfi Ghrib dans le dernier numéro du Journal officiel ouvre la voie à un déploiement imminent. Selon plusieurs experts, les premiers abonnés pourraient accéder à la 5G d’ici 30 jours, si le processus technique et administratif se déroule sans entraves.

Une étape réglementaire décisive

Les décrets publiés officialisent l’attribution des licences d’établissement et d’exploitation des réseaux 5G aux trois opérateurs nationaux. Optimum Télécom Algérie (Ooredoo), Algérie Télécom et ATM Mobilis obtiennent ainsi le feu vert pour lancer les installations, conformément aux exigences techniques et organisationnelles fixées dans leurs cahiers des charges.

Pour les autorités, cette étape marque un tournant stratégique dans la modernisation du secteur des télécommunications et dans l’avancement global du chantier de la numérisation.

La course contre la montre pour installer le réseau

Pour l’expert en télécommunications Younes Kerrar, cette publication au Journal officiel signifie que « les opérateurs peuvent désormais passer de la théorie à la pratique ». Les équipements, les antennes et les systèmes nécessaires à la 5G peuvent être installés immédiatement, à condition que l’administration accompagne la vitesse d’exécution.

Le spécialiste insiste sur trois conditions essentielles pour éviter les retards :

Selon lui, si ces conditions sont réunies, les premières offres commerciales seraient prêtes avant la fin de l’année. « Les opérateurs sont déjà techniquement prêts », confie-t-il. « Certaines installations pourraient être opérationnelles dès la mi-décembre. »

Des prix qui devront rester accessibles

La prochaine étape sera déterminante : fixer les tarifs destinés au grand public. La tâche revient à l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications, qui devra garantir un équilibre entre rentabilité des opérateurs et pouvoir d’achat des consommateurs.

Pour Kerrar, une concurrence « saine et agressive » est indispensable. Le marché ne doit en aucun cas devenir un terrain d’ententes entre opérateurs, au détriment du consommateur. Il appelle aussi l’Association de protection du consommateur à suivre de près l’évolution des offres.

La 5G, moteur d’un nouveau modèle économique

Au-delà d’une simple accélération de la connexion mobile, l’arrivée de la 5G ouvre la voie à une transformation profonde de plusieurs secteurs clés.

La première révolution : l’agriculture intelligente

L’agriculture sera l’un des premiers bénéficiaires de la connexion ultra-rapide. Capteurs connectés pour surveiller les sols, gestion du cheptel en temps réel, optimisation de l’irrigation… autant d’innovations déjà prévues dans les plans du ministère de l’Agriculture. Grâce à la 5G, les exploitations agricoles pourront récolter des données précises et instantanées, permettant une meilleure productivité et une gestion plus durable.

La ville intelligente : un chantier qui s’accélère

La 5G est également la technologie centrale sur laquelle reposent les projets de smart cities :

Elle permettra une circulation massive de données entre capteurs, administrations et usagers.

Industrie, santé, logistique… une transformation globale

L’industrie manufacturière pourra adopter l’automatisation avancée ; les hôpitaux bénéficieront de télédiagnostics de haute précision ; les services de transport développeront des systèmes connectés plus fiables.
La 5G n’est pas seulement une technologie : elle sera la colonne vertébrale de la nouvelle économie numérique.

Une étape stratégique pour l’Algérie

Pour Younes Kerrar, cette avancée marque un tournant dans la trajectoire technologique du pays : « La 5G représente une étape décisive pour une digitalisation réelle qui impacte l’ensemble des secteurs. Elle place l’Algérie sur la voie des technologies de pointe. »

À 30 jours d’un possible lancement officiel, les attentes sont élevées et les enjeux considérables. Entre promesse d’innovation et défis logistiques, l’Algérie entame une transformation qui pourrait remodeler profondément son paysage technologique.