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Propos polémiques de Mohamed Belghith : l’amazighité attaquée, l’Algérie indignée (VIDÉO)

« L’amazighité est une invention ? » — Les propos de Mohamed Belghith déclenchent une onde de choc en Algérie

L’Algérie est à nouveau secouée par une controverse identitaire aux allures de provocation. Au cœur de cette tourmente : Mohamed Belghith, historien invité récemment sur la chaîne émiratie Sky News Arabia, qui a tenu des propos jugés profondément choquants, voire insultants, envers une composante essentielle de l’identité nationale algérienne. Selon lui, « l’amazighité est une création des services secrets français et israéliens », une affirmation qui a déclenché une vague d’indignation sans précédent.

La réaction ne s’est pas fait attendre. De nombreux Algériens, issus du monde universitaire, de la société civile ou de simples citoyens connectés sur les réseaux sociaux, ont exprimé leur consternation face à ce qu’ils considèrent comme une négation grossière de l’histoire et de la réalité sociale algérienne. Loin d’être une simple opinion académique, les propos de Belghith sont perçus comme une attaque directe contre l’unité du peuple et un mépris envers des millions de citoyens se reconnaissant dans leur héritage amazigh.

Une remise en cause de la mémoire nationale

L’amazighité, consacrée comme langue nationale et officielle par la Constitution algérienne, fait partie intégrante de l’ADN de la nation. Elle est l’expression d’un patrimoine millénaire qui a façonné l’histoire du Maghreb bien avant l’arrivée des colonisations successives. Les propos de Belghith sont donc vécus non seulement comme une falsification historique, mais aussi comme une tentative sournoise d’effacer un pan fondamental de la mémoire collective.

Des universitaires et défenseurs de la culture amazighe rappellent que ce combat identitaire, loin d’être une invention récente, a été marqué par des décennies de lutte pour la reconnaissance, souvent au prix de discriminations et de répressions. Affirmer que cette composante est le fruit de manipulations étrangères revient, selon eux, à insulter non seulement l’intelligence collective, mais aussi la mémoire des militants, intellectuels et citoyens qui se sont battus pour son officialisation.

Cependant, il est important de souligner que les propos de Mohamed Belghith ne sont pas exclusivement liés à son passage sur la chaîne émiratie. En réalité, il avait déjà tenu des déclarations similaires dans un podcast saoudien très écouté, nommé « Tamanya », où il avait évoqué, avec des termes tout aussi polémiques, l’idée que l’amazighité serait une fabrication orchestrée par des puissances étrangères. Ce n’est donc pas une dérive ponctuelle, mais un discours récurrent qui semble s’installer dans ses interventions médiatiques.

Un message ferme d’Alger à l’adresse d’Abou Dhabi

Lors de son journal télévisé de 20h ce vendredi, la télévision publique algérienne a lancé une mise en garde claire à l’encontre des Émirats arabes unis, suite à une nouvelle provocation jugée inacceptable. Cette fois-ci, c’est par le biais de la diffusion d’interventions controversées de l’historien Mohamed Amine Belghith, invité sur la chaîne émiratie Sky News Arabia, que la tension est montée d’un cran.

Le commentaire diffusé par la télévision algérienne ne mâche pas ses mots : « Ce n’est pas la première fois que ce petit État artificiel tente d’attaquer l’Algérie, nation souveraine, grande par son histoire et sa dignité. Une attitude dictée non par un désaccord de fond, mais par le souci permanent de plaire à des entités tout aussi artificielles, dans une logique de soumission servile envers certains intérêts étrangers. »

L’attaque verbale de Mohamed Amine Belghith, niant la profondeur historique de l’identité amazighe en Algérie, a été perçue comme une provocation directe contre l’unité nationale. Pour Alger, ce type de discours relayé par des médias étrangers hostiles ne vise qu’à porter atteinte à la cohésion du peuple algérien et à saper les fondements de sa souveraineté.

Entre liberté d’expression et responsabilité intellectuelle

La polémique pose aussi la question cruciale de la responsabilité des intellectuels dans l’espace public. Peut-on tout dire au nom de la liberté d’expression ? Lorsque des propos sont de nature à attiser les divisions ethniques ou à miner la cohésion sociale, doivent-ils être protégés ou réprimés ?

Pour plusieurs juristes et politologues, il est impératif de distinguer le débat scientifique légitime de la propagation de thèses complotistes dangereuses. L’État, garant de l’unité nationale, se doit d’agir avec fermeté pour éviter la banalisation de discours discriminatoires qui, dans certains contextes, peuvent raviver des tensions dormantes.

Unité nationale : un socle à préserver

Au-delà de la polémique, cette affaire ravive les débats sur l’identité algérienne, qui repose sur un triptyque fondamental : l’islam, l’arabité et l’amazighité. En faisant de cette dernière une construction artificielle dictée par l’étranger, Mohamed Amine Belghith remet en cause non seulement un droit constitutionnel, mais aussi un consensus historique forgé par des décennies de luttes communes.

Face à cette tentative de division, nombreux sont ceux qui réaffirment leur attachement à une Algérie plurielle, inclusive et enracinée dans ses diversités. L’héritage amazigh n’est pas une invention : c’est une réalité vivante, palpable dans la langue, la musique, l’architecture, et les traditions qui unissent les Algériens de l’est à l’ouest, du nord au sud.

Dans un pays encore marqué par des blessures historiques, préserver l’unité nationale passe par la reconnaissance sincère de toutes ses composantes, et la mise à l’écart des discours rétrogrades, qu’ils soient tenus sous couvert de science ou d’idéologie.

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