Karim et Hayet, un couple au service de l’environnement en Algérie
Lorsque la volonté et la persévérance s’unifient avec l’amour de la nature, nous nous n’attendrons qu’à de belles choses. Le jeune couple Abdelkrim et Hayet, originaire de la wilaya de Bouira, située à quelques centaines de kilomètres de la capitale Alger est un exemple typique dont le destin a voulu que leur union conjugal sera aussi celui de l’amour de la nature.
L’aventure de ce duo a commencé en l’an 2011 où ils ont réussi à monter leur première petite entreprise de fabrication des gobelets en papier dans le cadre de l’Ansej (Agence Nationale de Soutien à L’ emploi des jeunes). Mais, ce n’est qu’on 2015 que l’idée de se lancer dans la récupération de toutes sortes de déchets, dont l’aluminium, le plastique, le verre ,papier et carton, a germé dans l’esprit de couple .Ce qui leur a permis d’élargir le champ de leur travail en commençant par les quartiers de la commune (Taghzout) qui leur a donnés naissance.
« En novembre 2016, j’avais effectué une virée à Tikjda, le complexe touristique niché sur les hauteurs de la montagne de Djurdjura, j’étais vraiment médusé par l’état lamentable des lieux. J’ai constaté que l’agression de l’humain contre la nature s’aggrave d’avantage et le taux d’ordures qui s’amoncellent ici et là amoche la beauté des lieux » se lamente Karim, avant d’ajouter:
« Aujourd’hui, Je récupère une moyenne de 14000 canettes en aluminium par jour, sans compter d’autres matières. Mon but est de tendre une main de secours pour cet environnement qui souffre tout en voulant booster mon activité qui nécessite beaucoup de patience et d’attention. »
Convaincus par la tâche noble qu’ils mènent, notre couple armé d’une volonté sans pareil, se désintéresse carrément du regard de leurs concitoyens, un regard parfois motivé par la curiosité, parfois motivé par la pitié. « Souvent, je sors en compagnie de ma femme et de membres de la famille pour fouiller dans les poubelles de la ville, ce que nous faisons souvent la nuit pour ne pas gêner le trafic routier. Mais, il y’a toujours des yeux qui sont braqués à notre direction ».
Enseignante de communication à l’université de Bouira, Hayet trouve le fait de se tenir aux côtés de son époux une source intarissable de jouissance. « Je travaille avec immense joie avec mon mari que j’aide en conseils et même avec des idées dans la récupération de déchets. Notre but est de donner une seconde vie à ses matières jetées dans la nature et, puis, c’est de notre devoir de préserver notre environnement et notre cadre de vie immédiat, car il suffit de savoir seulement que ces déchets valent de l’or »conclut-elle.
« Aujourd’hui, Je récupère une moyenne de 14000 canettes en aluminium par jour, sans compter d’autres matières. Mon but est de tendre une main de secours pour cet environnement qui souffre tout en voulant booster mon activité qui nécessite beaucoup de patience et d’attention. »
« Il faut savoir, expliquent nos interlocuteurs, dans le recyclage, tout est récupérable, transformable et réutilisable, en prenant l’exemple du verre, une fois broyé et moulu, servira de matière première dans fabrication du nouveau carrelage brillant et lisse ».
A noter dans ce même domaine l’Algérie produit chaque année environ de 12 millions de tonnes de déchets alors que la quantité recyclée demeure insignifiante n’excédant pas les 10%. Une preuve de plus que tous les signes sont au rouge dans ce pays dans le domaine de l’environnement.
A vrai dire, ce jeune couple entrepreneur a su gagner la compassion et l’encouragement de toute la population locale et surtout les autorités publiques qui les ont promis de leur offrir une sorte de hangar dans un coin isolé de leur commune ,et ce, après avoir exercé, des mois durant, dans un modeste garage dans un lieu urbain ce qui avait causé beaucoup de nuisance au voisinage.
Les succès se succèdent encore, le couple a eu ces derniers temps auprès des autorités locales une autorisation l’autorisant à récupérer les déchets notamment le carton et papier, et ce, au niveau des écoles et autres établissements administratifs publics.
En contrepartie l’entreprise du couple baptisée « Ecologie Djurdjura, récupération de déchets » fournit pour ces établissements des sacs poubelles en vue de faciliter la tâche de la collecte .Comme il a reçu, également, des mêmes services, à titre d’aide des bacs à ordures pour les installer dans tous les coins des communes de la wilaya de Bouira.
Néanmoins, malgré ce travail colossal et leur amour infaillible pour la nature, cette volonté de fer se heurte à un problème majeur celui du manque de main d’œuvre qui pénalise pas mal de secteurs en Algérie notamment ceux d’agriculture et les travaux publiques pour ne citer que ces deux créneaux. Le prétexte, selon Karim et Hayet, est que les jeunes boudent ce secteur de récupération de déchets car ce créneau est mal vu.
Dans le même ordre d’idées, ce couple rêve déjà sur d’autres actions en voulant taper sur les portes des établissements scolaire en vue de lancer des compagnes de sensibilisation sur le nettoyage et l’entretien de l’environnement tout en axant leur travail sur l’explication de l’importance de ce secteur de recyclage qui peut être, à la fois, une source de revenus pour les jeunes livrés au chômage et surtout de faire un geste d’une grande valeur envers notre l’environnement en décrépitude continuelle.
Le jeune couple envisage de lancer, en outre, des appels aux associations activant dans le domaine écologique afin d’étendre et de converger leurs efforts pour lancer des actions de grande envergure ayant pour finalité d’inculquer au sein de la population locale cette culture d’entretien et de nettoyage.