
Air Algérie supprime le français de ses billets : une nouvelle ère linguistique
Fin du français chez Air Algérie : les nouveaux billets s’affichent en arabe et en anglais uniquement.
Dans un geste fort symboliquement et politiquement, Air Algérie franchit une nouvelle étape dans le processus de valorisation de la langue arabe. Désormais, les billets de la compagnie nationale s’affichent exclusivement en arabe et en anglais, abandonnant totalement la langue française, jadis omniprésente dans les documents officiels.
Cette réforme, bien plus qu’un simple changement de police ou d’étiquetage, incarne un virage stratégique dans la politique linguistique de l’entreprise. Elle traduit aussi une volonté plus large des autorités algériennes de réhabiliter l’usage de l’arabe dans les institutions publiques et les services à la population.
Une décision mûrie depuis avril
Ce tournant ne date pas d’hier. En avril dernier, Air Algérie avait déjà annoncé officiellement son intention de supprimer la langue française de ses titres de transport, pour la remplacer par l’arabe et l’anglais. Un choix assumé et justifié par des considérations à la fois techniques, pratiques et identitaires.
Selon Abdelkader Selmi, chef du département des affaires publiques chez Air Algérie, cette décision vise à aligner les documents de voyage avec les normes internationales, dans lesquelles l’anglais est la langue dominante. De plus, le choix de l’arabe reflète l’identité nationale, mais aussi les partenariats solides qu’entretient la compagnie avec plusieurs transporteurs arabes qui utilisent eux aussi leur langue dans leurs supports.
Des billets en arabe et anglais : une nouvelle norme
Les passagers ont pu constater ce changement à travers des billets émis pour des vols intérieurs, notamment sur l’axe Alger–Sétif. Ces derniers arborent désormais une présentation bilingue arabe-anglais, sans aucune trace du français.
Ce changement, bien que d’apparence anodine, marque une rupture significative dans l’histoire linguistique du pays, où le français, hérité de la colonisation, a longtemps occupé une place dominante dans l’administration, les affaires, et les services publics.

Une dynamique globale au sein de l’entreprise
Ce changement ne se limite pas aux billets. Air Algérie avait déjà amorcé ce virage linguistique l’an dernier en généralisant l’utilisation de la langue arabe dans ses correspondances officielles, aussi bien internes qu’externes, y compris avec les ambassades étrangères. Les discours du PDG sont désormais rédigés et présentés en arabe, témoignant d’un engagement profond de l’entreprise dans la politique de « désfrancisation » des institutions.
Selon les responsables de la compagnie, cette démarche vise à améliorer la communication avec les clients nationaux, tout en clarifiant les procédures et en renforçant la transparence des services.
Un contexte géopolitique sensible
Cette évolution s’inscrit dans un climat diplomatique tendu entre l’Algérie et la France, où les relations oscillent entre méfiance et crispation. L’abandon progressif du français dans les sphères publiques algériennes est perçu par certains comme un message politique fort, affirmant l’aspiration du pays à s’émanciper de son passé colonial et à renforcer son ancrage arabo-africain et international anglophone.