#StopGaloufa : Vers la fin d’une pratique controversée en Algérie
Une délégation de défenseurs des animaux reçue pour la première fois au ministère.
La cause animale en Algérie vient de prendre un virage décisif. Après des années de dénonciations, de débats publics et de mobilisations citoyennes, la pratique controversée d’élimination des chiens errants, appelée El Galoufa, pourrait enfin être remise en question au plus haut niveau de l’État. Le ministre de l’Agriculture, Yacine Oualid, a récemment reçu une délégation de défenseurs des animaux, une première dans l’histoire récente du pays. Cette rencontre marque un moment fort : la reconnaissance officielle d’une problématique longtemps ignorée.
La délégation était menée par l’activiste environnementale Ihcène Menous, figure montante du mouvement #StopGaloufa. Très suivie sur les réseaux sociaux, elle milite activement pour l’abandon de la méthode d’abattage systématique des chiens errants, au profit d’approches scientifiques et plus humaines.
Une rencontre inédite et porteuse d’espoir
Si les décisions concrètes n’ont pas encore été dévoilées, la tonalité du compte-rendu d’Ihcène Menous laisse entrevoir une avancée significative. Dans un message publié sur ses réseaux, elle affirme :
« Monsieur le Ministre de l’Agriculture a été vraiment à l’écoute et nous n’avons même pas eu à le convaincre, c’est un ami des animaux. Nous sommes venus avec des problématiques et nous sommes ressortis avec des solutions. »
Des paroles qui ont été largement relayées, fédérant l’espoir d’un changement structurel. Le hashtag #StopGaloufa a immédiatement refait surface, porté par une communauté en quête de réformes durables et éthiques.
Une méthode contestée et héritée de l’époque coloniale
Le débat autour d’El Galoufa ne date pas d’hier, mais il a été ravivé avec force ces derniers mois, notamment après la mort tragique d’un enfant victime d’une morsure de chien. Cette émotion collective a simultanément renforcé la volonté d’agir et mis en lumière les contradictions de la politique actuelle : malgré des campagnes d’abattage depuis des décennies, la rage continue de sévir en Algérie.
Selon les chiffres communiqués par des vétérinaires, le pays enregistre plus d’un millier de cas d’infection et entre 15 à 20 décès par an. Pour le Dr. Bendenia Saâda, président de l’Espace vétérinaire algérien, le constat est clair : l’élimination systématique des chiens errants n’a pas permis de réduire la propagation de la rage. Au contraire, elle entretient un cycle permanent, car les zones vidées se repeuplent rapidement de nouveaux chiens non vaccinés.
La solution scientifique : le protocole TNVR
Les spécialistes recommandent une stratégie déjà adoptée avec succès en Turquie et en Tunisie : le protocole TNVR (Trap, Neuter, Vaccinate, Return) – Capturer, Stériliser, Vacciner et Relâcher. Cette méthode permet de stabiliser durablement les populations canines, tout en empêchant la propagation de la maladie.
Elle est moins coûteuse sur le long terme, jugée éthiquement acceptable et scientifiquement validée. Surtout, elle s’inscrit dans un modèle de cohabitation responsable entre l’humain et l’animal.
L’Algérie à la croisée des chemins
Ce moment de dialogue entre le ministère et la société civile pourrait devenir un point de bascule. Il ne s’agit plus seulement de répondre à une urgence sanitaire, mais de repenser la relation entre l’homme, l’animal et l’espace public. Mettre fin à El Galoufa ne serait pas seulement un acte administratif, mais un véritable changement de paradigme, porteur de progrès social, scientifique et éthique. Pour la première fois, l’État semble prêt à écouter. Reste désormais à transformer l’espoir en politique concrète.
















