Désert Rose : un court métrage émouvant sur les essais nucléaires français en Algérie
Découvrez "Désert Rose", le film qui raconte l'histoire sombre des essais nucléaires français en Algérie à travers les yeux d'un enfant.
Samedi dernier, la Cinémathèque d’Alger a vibré aux émotions suscitées par le court métrage Désert Rose, la nouvelle œuvre cinématographique du réalisateur Oussama Benhassine. Ce film de 26 minutes, projeté en avant-première, plonge le spectateur dans les méandres sombres des essais nucléaires français dans le désert algérien, un sujet longtemps occulté et méconnu.
L’avant-première de Désert Rose s’est déroulée en présence de la ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji, et d’un public nombreux, réuni dans le cadre des festivités du soixantenaire de l’indépendance de l’Algérie. Un événement marquant, pour un film qui l’est tout autant.
Le film raconte avec une profondeur émouvante la vie paisible et les rêves brisés de la population du sud de l’Algérie. Il dévoile comment la France coloniale a secrètement planifié et mené des essais nucléaires dévastateurs à Reggane, une région autrefois tranquille, et comment cette tragédie a eu des conséquences dévastatrices pour les habitants et l’environnement pendant des années.
L’histoire se déroule à travers les yeux d’Abbas, un enfant enjoué qui arpente les rues d’une vieille ville aux murs de terre. Il partage ses journées avec Zina, sa fidèle chienne, attendant le retour de son père ou une lettre qui apaiserait son existence.
La bande-annonce du film Désert Rose réalisée par Oussama Benhassine
Le film met en scène une galerie de personnages aux opinions et humeurs contrastées, notamment le grand-père d’Abbas, qui prend en charge l’éducation du jeune garçon, sa mère, patiente et douce malgré sa grossesse, ainsi que des figures marquantes telles que le moudjahid prisonnier, joué par Slimane Benouari, et l’officier français, interprété par Idir Benaïbouche, représentant la cruauté et la violence de l’acte planifié contre la population de cette région autrefois paisible.
Au fil de l’intrigue, Abbas découvre le triste destin de son père, moudjahid tombé en martyr lors d’une bataille. Le secret de sa famille, gardé par peur des représailles coloniales, ébranle profondément le jeune garçon. À la veille de l’explosion nucléaire, il se lance à la recherche de sa chienne disparue, symbolisant la quête d’innocence et de rédemption dans un monde désormais ravagé par la cruauté.
Le film nous plonge également dans la réalité des moudjahidine et d’autres captifs, attachés à des piliers pour être utilisés comme cobayes dans les essais nucléaires programmés par les autorités coloniales françaises. Entre les cris de douleur et les pleurs de naissance, règne un silence poignant, symbole de la catastrophe humanitaire dont les répercussions persistent encore aujourd’hui.
Désert Rose, un court métrage condamne les essais nucléaires dans le désert algérien
La précision avec laquelle le directeur de la photographie, Mohamed Saadi, a capturé les scènes en constante accélération, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, nous transporte dans un décor désertique authentique, apportant une esthétique et une valeur visuelle indéniable à l’ensemble.
À travers cette histoire émotionnelle, le réalisateur Oussama Benhassine met en lumière la date tragique du 13 février 1960, marquant le premier essai nucléaire français avec la bombe Gerboise bleue à Reggane. Il rappelle également les 17 autres essais nucléaires aériens et souterrains qui ont eu lieu entre février 1960 et février 1967 dans les régions de Reggane et de l’Ahaggar, rappelant les douleurs endurées par les Algériens dans le Sahara.
Il est à noter que le film a été tourné dans la région de Timimoun, dans l’un des anciens ksour, au cours du mois de juin dernier. L’équipe technique a réussi à recréer avec brio les conditions sociales et climatiques de cette époque en planifiant le tournage en fonction du temps, offrant ainsi un résultat artistique saisissant.
Désert Rose s’impose comme un témoignage poignant d’une période sombre de l’histoire algérienne, mettant en lumière une tragédie longtemps ignorée. Oussama Benhassine parvient à captiver les spectateurs en leur offrant une histoire émotionnelle qui ne manquera pas de susciter la réflexion et l’empathie pour les victimes de cette tragédie nucléaire méconnue.
Ce court métrage, à la fois bouleversant et artistiquement abouti, promet de laisser une empreinte durable dans l’univers cinématographique et dans la mémoire collective de l’Algérie. « Désert Rose » est un rappel puissant de l’importance de préserver la mémoire historique et de ne jamais oublier les souffrances endurées par les générations précédentes.