
Tatouage Berbère : les symboles anciens qui racontent l’histoire de l’Algérie
Plongez dans l'histoire et la signification profonde des tatouages Berbères, une tradition qui transcende le temps et la culture de l'Algérie
Le tatouage Berbère, également connu sous le nom de « thishrat », ne se limite pas à une simple expression artistique, il incarne un lien profond avec l’histoire, la culture et les origines de la vie humaine sur terre pour la communauté Amazighe. Ce riche héritage culturel attire aujourd’hui l’attention de nombreuses femmes et hommes, car il reflète non seulement l’esthétique, mais aussi une signification profonde.
Tatouage Berbère : ancêtres et histoire

Le tatouage était autrefois une coutume ancrée dans la vie quotidienne des tribus Berbères en Kabylie. Les femmes en particulier l’adoptèrent comme des parures pour accentuer leur beauté et leur désirabilité. Cependant, ce n’était pas seulement une question d’ornementation.
Le tatouage portait des significations multiples, allant de l’expression de sentiments personnels à la représentation de statuts sociaux. Par exemple, une femme Kabyle pouvait arborer un tatouage sur le menton reliant chaque oreille pour symboliser le deuil de son mari décédé, reflétant ainsi la barbe de son époux.
Tatouage Berbère : les techniques et symboles

Les motifs et les symboles tatoués par les Amazighs étaient empreints de significations profondes. Ils étaient dessinés sur le front, le menton, les joues et le dos des mains à l’aide de pigments naturels dérivés de substances végétales et de charbon, mélangés à de l’eau ou du sang.
Le tatouage avait une importance sociale et rituelle, bien loin de sa connotation purement esthétique contemporaine. Les tatouages géométriques et symboliques avaient pour objectif de conjurer la malchance et d’apporter la bonne fortune et le succès.
Avec l’évolution du temps et l’impact de nouvelles générations, la signification du tatouage Berbère a subi des changements. Alors qu’il était autrefois un rite social et culturel, il est devenu plus rare et estompé dans les pratiques modernes. Les femmes, traditionnelles porteuses de ces dessins sur la peau, ont adopté le tatouage au henné à la place, en réponse aux restrictions religieuses prévues par l’islam. Ainsi, le henné est devenu un moyen temporaire et non mutilant pour exprimer des identités culturelles et religieuses.

La spécialiste en linguistique, Lucienne Brousse, a compilé dans un livre intitulé « Beauté et Identité féminine » une multitude de symboles recueillis par son amie infirmière, Eliane Ocre. Cette dernière a consacré une grande partie de sa vie en Algérie, recueillant instinctivement ces symboles auprès des femmes berbères du sud-est algérien qu’elle soignait.
Cet ouvrage d’étude ethnographique démontre la complexité de ces symboles qui, finalement, s’assemblent pour former un véritable alphabet, créant ainsi un système de communication complexe et élaboré, exclusivement féminin. Ce savoir est transmis uniquement aux générations anciennes.
Tatouage Berbère : diversité et Identité
Il est crucial de noter que les motifs et les significations des tatouages variaient d’une tribu à l’autre. De plus, les tatouages n’étaient pas exclusivement réservés aux femmes ; les hommes aussi arboraient ces marques identitaires sur leur peau. Le tatouage avait des fonctions multiples : protectrice, ornementale, identitaire et même médicale pour traiter certains maux.
Le tatouage Berbère représente bien plus qu’un simple art corporel. C’est une fenêtre sur l’histoire, les croyances et les identités des Amazighs, témoignant de l’évolution de la culture à travers les siècles. Bien que les pratiques aient évolué au fil du temps, ce patrimoine culturel unique demeure un symbole de l’attachement fort à la tradition et à l’identité Amazigh algérienne.